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mot clé «société»

La Suisse est un pays pragmatique, efficace et moderne. Dans la plupart des pays d’Europe, les gouvernements tentent de mettre en place, tant bien que mal, des mesures dites dissuasives pour freiner l’immigration. En Suisse aussi, mais on a trouvé le fin du fin : on communique. Mardi dernier, lors du match de foot Suisse-Nigeria, les téléspectateurs nigérians ont pu voir, pendant la mi-temps, un spot publicitaire leur montrant ce que leur réserverait une émigration illégale en Suisse : misère et clochardisation.
C’est le Sonntagsblick, version dominicale du Blick, feuille populiste bien connue ici, qui sort l’affaire et met le spot TV en ligne sur son site (doublé en français). La campagne, appuyée par des flyers, est financée par l’ODM (Office Fédéral des Migrations) et concerne pour l’instant le Nigeria et le Cameroun. L’ODM dépend du Département fédéral de justice et police, qui est dirigé par le tristement célèbre berger des moutons blancs (je ne cite pas son nom, car je trouve que l’on a déjà fait assez de buzz à son sujet [1] ). Dans l’article, le directeur de l’ODM explique les différentes raisons qui justifient cette campagne, dont une qui vaut son pesant de laine vierge : il veut mettre en garde ces milliers d’immigrants des risques de noyade en Méditerranée (trad. résumée). Le Sonntagsblick aime décidément remuer le caca : en marge de la page internet, il propose aussi un minisondage : Question de la semaine - La Confédération doit-elle épouvanter les Africains ? Oui / Non. À lire l’orientation générale des commentaires des lecteurs de la page, on peut connaître l’issue du « sondage »...
Aux dernières nouvelles, il semblerait que l’Union Européenne s’active à un projet similaire. J’en connais qui doivent se réjouir !

Notes:

[1] MàJ : depuis, il a été « démissionné »

Béat Brüsch, le 28 novembre 2007 à 16.10 h
Rubrique: A propos d’images
Mots-clés: médias , société , vidéo
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Pub magazine pour une carte de crédit : « Carouge, 14:23. Elle désire, je promets, j’offre, elle n’en croit pas ses yeux. »
Moi non plus, je n’en crois pas mes yeux : ils ont un clocher comme ça, à Carouge ? Ne serait-ce pas plutôt à Zürich qu’on en trouve un pareil ? Voici une image du Grossmünster de Zürich prise depuis presque le même emplacement.
Carouge est une charmante petite ville jouxtant celle de Genève. Les Genevois aiment bien s’y rendre pour ses boutiques à la mode, ses bistrots et pour l’ambiance sympathique qui y règne. Zürich est sûrement très sympathique aussi. Mais c’est tellement loin (au moins 280 km d’autoroute !) Les romands se contenteront donc d’une adaptation de la pub zürichoise. Ils n’y verront que du feu. Et les Carougeois apprécieront. Voici la même annonce « localisée » à Zürich.
Bien sûr, il faut relativiser la gravité de cette substitution d’image. Ce n’est pas la guerre et il n’y a pas catastrophe nationale. Il ne s’agit que d’une pub. N’empêche que cela illustre parfaitement le malaise que ressentent les romands vis-à-vis de Zürich. Nous en parlions dans le commentaire de cet article, ci-dessous. Je me cite : « ... Les plus grandes agences de pub sont à Zürich, capitale économique conquérante, passablement arrogante, un peu branchouille, et surtout, de culture suisse allemande. Ce dernier point n’est pas une tare, mais c’est une différence ! La manière de s’adresser aux gens, l’humour, les connivences, etc, ne sont pas les mêmes qu’ici... » Faut-il ajouter que les images non plus, ne peuvent se substituer ?
J’ai flouté la raison sociale de la banque, on ne va pas lui faire de la pub en plus ! Quant à l’agence de pub, c’est par pure charité que je ne la cite pas.

Béat Brüsch, le 1er novembre 2007 à 22.15 h
Rubrique: A propos d’images
Mots-clés: publicité , société
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Après les enfants trop sages (de Loretta Lux), parlons des adultes pas sages. Le site de parodies de couvertures de Martine fait un malheur. Passer de 8 visiteurs par jour, à plus de 70’000 en moins de 10 jours, c’est ce qui s’appelle un succès. Même l’auteur de la blague n’en revient pas. Martine, c’est la petite héroïne de livres pour la jeunesse qui a fait rêver bien des petites filles (qui n’en sont plus aujourd’hui). Comme l’explique David Abiker sur son blogue : « ... le succès de cette Martine-là sur la toile correspond, je crois, à un besoin de transgression qui ne s’exprime plus en surface. Je le perçois comme une volonté de se réapproprier non pas les territoires de l’enfance façon adulescent mais au contraire d’envoyer à l’époque de l’enfant est roi une sorte de rappel à l’ordre. Martine qui aime la bite c’est la blague d’un adulte qui saute à pieds joints dans une flaque d’eau pour provoquer un rire sain et suggérer que les temps qui courent sentent un peu trop la fraise Tagada. » Sur cette page l’auteur raconte son aventure. Il se pose des questions sur la légalité de sa parodie... Questions intéressantes, auxquelles il n’y aura probablement pas de réponses, car je vois mal un éditeur refuser une si soudaine et gratuite publicité ! En cette période à l’actualité plutôt pesante, c’est à un bon rire libérateur que nous invitent ces nouvelles Martine.
Voici quelques sites qui parlent de Martine : Blog de David Abiker, Ecrans.fr (Libération), La Boîte à images, 20 Minutes... Gageons que ce ne seront pas les derniers...
Mise à jour du 19.11.07 : A la demande de Casterman, l’éditeur de Martine, le site le plus poilant de l’année a fermé. Dommage. Voir l’article d’écrans... et ce qu’en dit l’auteur du site.

Béat Brüsch, le 26 octobre 2007 à 16.55 h
Rubrique: A propos d’images
Mots-clés: société
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Images vues à Visa 2007

Sous le titre « À marche forcée », Samuel Bollendorf a présenté à Visa, un reportage sur les oubliés de la croissance chinoise. Sous les dehors clinquants du « libéralisme communiste triomphant », le miracle économique a des aspects bien sombres. Les trois quarts des 500.000 paysans chinois vivent en dessous du seuil de pauvreté. Tout ce petit peuple de miséreux, les mingongs, est condamné à migrer à l’intérieur du pays pour se faire employer à vil prix, dans des conditions épouvantables, à la merci de pouvoirs corrompus. Samuel Bollendorf s’est rendu plusieurs fois en Chine pour réaliser ses photos.Il raconte dans une petite interview combien il a dû ruser pour réaliser son travail. En prenant connaissance de son reportage, on comprend aisément que la face qu’il nous présente n’est pas celle que souhaitent montrer les autorités à la veille de la grande opération de com qu’est l’organisation des Jeux olympiques. Au-delà de cette mascarade annoncée, ce reportage donne la mesure du cynisme sur lequel reposent nos échanges commerciaux avec la Chine. Nos entreprises ne pourront jamais être concurrentielles avec des systèmes érigés en bagnes. Quand on vous dit que l’argent n’a pas d’odeur...
Une galerie de 46 photos est en ligne ici (les commandes du diaporama sont tout en haut, à droite). N’omettez pas de lire les textes ! Les photos ont un aspect très brut. Je ne saurais dire si cet effet est recherché ou s’il est seulement dû aux conditions difficiles des prises de vue. L’éclairage naturel, sans aucun artifice et sans aucune volonté visible d’en améliorer le rendu, y est sans doute pour beaucoup. Cela demande parfois un petit effort de décodage. Toujours est-il que cette sorte d’impitoyabilité renforce l’effet dramatique (s’il en était besoin).
Le photographe français Samuel Bollendorf est né en 1974. Il est membre du collectif l’Oeil public depuis 1999. Depuis cette page, vous aurez accès à quantité de reportages de cette agence. « À marche forcée » a été réalisé grâce à une bourse du Centre national (français) des arts plastiques.

Béat Brüsch, le 24 septembre 2007 à 16.00 h
Rubrique: Regarder en ligne
Mots-clés: exposition , photographe , société , voir
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Chers amis de la poésie et du bon goût, voici une image qui va vous combler...
Cet été, j’ai été amené à changer d’application FTP (File Transfer Protocol - Cela sert à envoyer ou retirer des fichiers sur un serveur distant). On dit beaucoup de bien de RBrowser, alors allons-y. Il y a même une version light gratuite, ça aide. Côté fonctionnement du programme : rien à dire, l’informaticien à fait du bon boulot. Pourtant, lorsqu’on télécharge un fichier, voici la jolie petite icône qu’il nous présente, pour le cas où nous voudrions interrompre l’opération...
Vous remarquerez le délicat liseré rouge sur la lame. Si votre écran est de bonne qualité, vous verrez aussi que le bas des montants de bois est teinté de rouge. Là, je vois votre imagination galoper... vous vous dites que si on clique sur le bouton pour interrompre le téléchargement on va voir tomber la lame. Vous avez tout juste !
Le terme abort, bien que correct d’un point de vue informatique, n’est déjà pas des plus élégants (le sens premier signifie avorter). On aurait pu, de surcroit, nous épargner la violence de cette icône. Tous les designers savent que, sous des dehors pauvres, les icônes peuvent présenter un contenu sémantique plus large. En général, elles ne font sens que dans un contexte donné et convenu. Leur succès dans les interfaces d’ordinateurs, en tant que raccourcis, est justement dû à cela. (Une représentation d’imprimante = « Je voudrais bien que mon ordinateur demande à mon imprimante d’imprimer cette page »). Si on décide d’enrichir ce concept basique en utilisant des métaphores visuelles plus « ambitieuses », il faut alors, mesurer toute l’étendue du champ sémantique qu’elles recouvrent. Cela demande un certain doigté que ne possède pas le premier informaticien venu, aussi génial soit-il. (Certains sont aussi doués pour la communication visuelle que je le suis moi-même en informatique ;-)
Inculture ? Ignorance ? Infantilisme ? Manque de repères ? Irrespect ? Humour ? Provocation ? Pour moi c’est un peu tout cela à la fois : aujourd’hui on ose. On ose tout.
Soyons plus clairs. Il n’y a pas de sujets tabous et on peut tout dire, tout faire. Mais dans un contexte défini. On ne peut pas poser n’importe où et n’importe comment, un symbole aussi connoté qu’une guillotine, alors que 69 pays dans le monde, à commencer par les plus grands (Chine, Etats-Unis) maintiennent encore la peine de mort.
Chiffres et arguments ici :
Wikipedia, Amnesty international, Coalition mondiale contre la peine de mort. (Je ne mets pas de lien vers ce logiciel. Vous le trouverez facilement si le coeur vous en dit.)

Béat Brüsch, le 5 septembre 2007 à 16.50 h
Rubrique: A propos d’images
Mots-clés: métaphore , société , éthique
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