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mot clé «amateur»

Project’images - Festival de l’image - Chêne-Bourg (c’est près de Genève) ouvrira ses portes du 23 au 28 novembre 2010. Il est consacré à de nombreux aspects de l’image, dont la cinématographie, la photographie, le diaporama, le Vjing, la 3D. Il est organisé, notamment, par l’USPP (Union Suisse des Photographes Professionnels), Photo-Suisse (Association suisse pour la photographie, qui réunit les photo-amateurs). L’invité d’honneur est RSF, section suisse (Reporters Sans Frontières) qui en profitera pour lancer l’album Jean Mohr, 100 images pour la liberté de la presse.
Le mardi 23 à 20h30, le festival s’ouvrira sur une table ronde : L’image au service de la société (vaste programme ;-) En plus d’expositions permanentes de l’USPP et de Photo-Suisse, de nombreux ateliers, projections, débats et autres animations auront lieu durant toute la durée du festival. Programme complet à consulter ici.

Béat Brüsch, le 18 novembre 2010 à 12.21 h
Rubrique: Voir de ses yeux
Mots-clés: amateur , culture , exposition , professionnel
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Lundi soir à Pékin, un spectaculaire incendie s’est déclaré suite à un feu d’artifice tiré pour l’inauguration d’un immeuble de 29 étages, haut de 159m. La tour devait abriter un hôtel de luxe et un studio de télévision. Seul un pompier est mort dans l’incendie. L’immeuble en feu se situait à proximité de la tour de 234m abritant la Télévision centrale chinoise (CCTV). Cela fait évidemment un peu désordre au pays des inventeurs du feu d’artifice ! Le gouvernement a immédiatement interdit aux blogueurs toute diffusion sauvage d’images sur internet. Seules les images officielles seraient tolérées. C’était sans compter avec l’ingéniosité des blogueurs chinois qui ont été nombreux à détourner la consigne en parodiant allègrement les images de l’incendie, trop contents de démontrer ainsi leur ressentiment vis-à-vis de la télévision d’état.

Par certains côtés (la photo d’un accident retouchée par des quidams) cette histoire peut faire penser à celle du Tourist Guy dont je vous parlais ici. Mais il s’agit cette fois d’un véritable contournement de la censure (et aussi d’un pied de nez au gouvernement ;-), alors que pour le Tourist Guy, ce n’était au départ qu’une plaisanterie un peu idiote que seule la viralité a fini par transformer en phénomène exutoire d’une catastrophe. Ici, si exutoire il y a, il semble se situer au niveau de la bravade.

Cet incendie s’est déroulé lundi soir (le 9.2), China Digital Times rapporte le phénomène dès le lendemain (le 10.2)... on peut dire que la réactivité des blogueurs chinois est sidérante. Sur un autre plan, remarquez combien les films catastrophe occidentaux imprègnent leur imaginaire.

Sources presse : China Digital Times du 10.2, Le Monde du 11.2
Sources images : chinaSMACK et My Blog

Béat Brüsch, le 12 février 2009 à 01.42 h
Rubrique: Les nouvelles images
Mots-clés: amateur , blogosphère , retouche , viralité
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Images mensongères

Dans un précédent billet, je vous parlais des images d’actualités détournées par Matthias Wähner. Je me demandais à quoi ressemblerait un exercice similaire aujourd’hui, alors que les moyens de production et de diffusion des images sont bien différents. De fait, il ne se passe pas un jour sur internet sans que des plaisantins s’amusent à bidouiller des images d’actualité. En général on reste dans le registre satyrique. Le résultat peut être désopilant et fort à propos (rarement), mais il peut aussi se révéler naïf, maladroit ou de goût douteux (on peut cumuler !). Il y a des sites entièrement dédiés à cette activité. Mais l’histoire qui suit est assez exemplaire de ce qu’internet peut engendrer dans ce domaine. Peu de jours après le crash du 11 septembre 2001, cette photo a énormément circulé sur internet et a été vue par des millions de personnes. On y voyait un touriste innocemment photographié sur une terrasse du World Trade Center alors qu’un avion allait percuter la tour dans la seconde suivante. L’appareil photo contenant le cliché aurait été retrouvé dans les décombres... Il s’agissait d’un faux. Mais point de démarche artistique, éducative ou sociale dans cette photo. Juste un peu d’humour noir. Son auteur, le hongrois Peter Guzli, voulait faire un gag à ses amis et c’est « à l’insu de son plein gré » que son image a été rapidement diffusée dans la webosphère. Il y avait peu de blogs en ce temps-là et Flickr n’existait pas encore. C’est donc principalement par e-mail et sur des forums qu’a circulé la photo. Et c’est tout aussi rapidement, que les sceptiques ont noté un faisceau d’invraisemblances, jetant le discrédit sur l’image.
Comment cette image a-t-elle pu s’imposer ? Pour qu’un canular, une rumeur, ou une légende urbaine puisse l’emporter il faut un terrain favorable et celui-ci l’était largement. Dans les jours et les semaines qui ont suivi les attentats, la population américaine et le reste du monde ont été complètement choqués. Des milliers de photos et de vidéos ont été vues, quasiment en boucle. Il y eut une surenchère d’images à couper le souffle et de témoignages déchirants de victimes et de survivants. Dans cette atmosphère de grande émotion, l’image a trouvé son public le plus naturellement du monde. Le sens critique s’est trouvé comme paralysé par la démesure des images qu’on avait déjà vues. La diffusion virale a fait le reste : l’image étant forte, elle a plu et fut reprise et diffusée exponentiellement sans même que les diffuseurs ne s’en rendent compte.
Ce qui se passe ensuite n’est pas moins intéressant et ressort de ce que j’appelle « la santé » du web. Une fois découvert, l’auteur du bidouillage fut affublé de plusieurs surnoms, dont celui de « Tourist Guy » et de « Tourist of Death ». Il fut remis en scène de très nombreuses fois par la communauté des internautes, trop contente de montrer ses compétences en matière de bidouillages. On retrouve ainsi notre touriste dans les situations les plus diverses, en général impliqué dans des catastrophes, qui vont de l’assassinat de Kennedy à l’explosion du Hindenbourg, en passant par le naufrage du Titanic ! Cet esprit d’à-propos et cette réactivité sont une caractéristique majeure de l’internet. Faut-il en conclure que les internautes sont des gens plus dégourdis que les autres ? Bien que différentes études statistiques aillent dans ce sens, je ne m’aventurerai pas sur ce terrain un peu glissant... mais on pourra deviner que la thèse me séduit :-)) D’autres évidemment, ne manqueront pas de fustiger à nouveau cet internet qui décidément ne respecte rien ! De nombreux sites parlent de cette affaire qui fait désormais partie du folklore du net. Le site touristofdeath.com y est exclusivement consacré. Il se fait fort de proposer dans sa galerie un archivage de ces images recueillies avant qu’elles ne disparaissent de la mémoire des serveurs. L’ennui, c’est qu’à l’heure où je publie, sa base de données est en panne ! On touche là à une autre caractéristique d’internet : rien n’y est moins permanent qu’une archive ! Mais Google veille au grain : il m’a permis de retrouver plus d’une 50aine d’images. Prises isolément, elles sont d’un faible intérêt. C’est l’ensemble qui est fascinant. En voici tout de même 2 dont la malice m’a plu, car elles mettent en jeu des images préalablement altérées (Forrest Gump de Robert Zemeckis - Retouche d’image de bombardement à Beyrouth).


Addenda du 16.01.08 : La base de données qui alimente la galerie recueillant tous les avatars du Tourist Guy est maintenant réparée. Et c’est hénaurme ! Il y a aujourd’hui 1334 images en ligne. Voici le lien direct vers la galerie. (Si vous surfez depuis le bureau, pensez à reprendre votre travail de temps en temps :-)

Béat Brüsch, le 16 décembre 2007 à 17.40 h
Rubrique: Les nouvelles images
Mots-clés: amateur , blogosphère , retouche , viralité
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Le clip 118 Projec’t est sorti le 18 septembre 2007 pour sensibiliser le public au nouveau numéro de téléphone des urgences. Suite à de récents changements, celui de la centrale d’alarme du feu (118) est régulièrement saturé de demandes de renseignements inopportunes (1811). Il faut dire, à la décharge des usagers, qu’aucune campagne d’information digne de ce nom n’avait été organisée jusqu’ici.
Las, les pompiers ont pris les choses en main. Pour un budget dérisoire de 2’000 Francs Suisses (environ 1’200 Euros), sans autre professionnel qu’un musicien, ils ont réalisé un clip qui cartonne sur l’internet et les télévisions du monde entier. À l’heure où je publie, YouTube en est déjà à 47’962 visionnements. [1]
Comme le dit Thierry Mertenat sur la Tribune de Genève (payant) : « Une leçon sans frais pour tous les professionnels du casting et des ruineux montages financiers. » Qu’il me permette d’ajouter : la fraîcheur et la spontanéité des acteurs, le côté « do it yourself » qui se voit un peu, ainsi que la sympathie générale du public pour les pompiers, sont des qualités constitutives du succès de ce clip. Et cela, il est vrai qu’aucun casting, ni aucune boîte de prod n’auraient pu le « fabriquer ».
Voir ici le site officiel des pompiers qui parlent de leur clip.

Notes:

[1] Mise à jour : 24 heures plus tard, il y a eu 67’516 visionnements.

Béat Brüsch, le 27 septembre 2007 à 12.50 h
Rubrique: Les nouvelles images
Mots-clés: amateur , publicité , vidéo
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Le monde de la photo n’a pas fini de se faire bousculer... On parle beaucoup des photoamateurs et de la place grandissante qu’ils prennent. Le sujet est à la mode et bien des manifestations sont consacrées aux questions que cela suscite.
• Le Musée de l’Élysée (Lausanne, Suisse) vient de consacrer une grande exposition à ce sujet. Dans le blog ouvert à cette occasion, vous pourrez suivre pas mal de débats sur le sujet (malheureusement souvent en anglais).
• Je vous parlais, dans mon dernier billet du colloque « Faut-il avoir peur des photographes amateurs ? », organisé par l’Observatoire de l’Image, qui s’est tenu à Paris le 5 avril dernier. Un bon compte rendu est lisible dans le magazine Images (no 22, mai-juin - toujours en vente en ce moment). Et on attend toujours la publication du pdf de ce colloque... En 2 mots, on y présente le point de vue des agences de photos, qui sont, elles aussi, remises en question par le nouveau modèle économique des agences « low cost ».
Dans le journal The Guardian, Andrew Brown nous dit (en anglais) que « ... les amateurs volent le pain de la bouche des photographes professionnels... »

J’ai participé la semaine passée à des débats très prenants, au sujet des rapports entre professionnels et amateurs, sur le blog Macandphoto de J-F Vibert. De vrais débats avec des exagérations, des approximations, des vérités et des contre-vérités. Des débats passionnés, car certains des acteurs vivent douloureusement ces réalités dans leur quotidien. Cela commence doucement ici. Le débat suivant, plus long et plus révélateur, est à lire ici. Il est à noter qu’aucun de ces débats n’avait le sujet des amateurs comme point de départ, mais que très vite on y vient, car il semble bien que le problème soit maintenant « à fleur de peau ».

A la lecture des griefs retenus contre les amateurs, on peut se demander si leur arrivée est la vraie (et la seule) cause des grands chambardements qui agitent le monde de la photo ? Ou si les amateurs ne sont que de pratiques boucs émissaires, cachant d’autres enjeux plus vastes ? Pour moi, tout cela doit s’inscrire dans une large perspective, qui prend en compte les profondes modifications structurelles qui agitent le monde. Toutes les professions ont été, sont, ou vont être touchées. Vous êtes-vous indignés de la disparition du petit commerce et de celle des commerces spécialisés, en général remplacés par des points de vente de grandes chaînes qui vendent le même choix (réduit) d’articles dans le monde entier ? Aujourd’hui, c’est aux photographes de subir les lois de ce marché, qui n’a que faire des particularismes et des productions de qualité, du moment que ça ne rapporte pas de dividendes.

Certains photographes professionnels fustigent les amateurs qui arrondissent leurs fins de mois en « volant le travail des amateurs ». Il faut préciser que les amateurs qui mettent en ligne leurs photos dans des agences « low cost » sont quand même minoritaires. (A moins d’y placer de grandes quantités d’images, celles-ci ne rapportent d’ailleurs que des clopinettes !). Ces nouvelles pratiques ont bien plus à voir avec le vaste mouvement « collaboratif » que l’on désigne couramment sous le vocable de « Web 2.0 ». L’engouement pour des sites comme Flickr est dû à la facilité offerte de pouvoir y partager ses images. La plupart des amateurs ne cherchent rien d’autre qu’un peu de reconnaissance et mettent en ligne leurs photos en libre accès, avec divers types de contrats Creative Commons. Il est donc faux de croire que cela rapporte systématiquement de l’argent aux amateurs. La grande majorité des photos qui circulent sur internet n’existerait tout simplement pas sans l’activité des amateurs. À de rares exceptions près, ces photos ne seraient jamais commandées à des pros ou produites par eux. Et elles sont réutilisées par d’autres parce qu’elles existent. Si elles n’existaient pas, on n’y penserait tout simplement pas. Elles ne peuvent donc pas concerner le marché de la photo professionnelle.

Je ne nie pas que les agences « low cost » puissent faire du tord à la profession. Mais quand c’est la profession elle-même qui les fournit avec ses seconds choix et autres invendus, elle devrait commencer par faire le ménage chez elle ! Qui nous dira quelle est la proportion de photos d’amateurs et de professionnels dans ces agences ? J’estime pour ma part, que matériellement, les amateurs ne disposent pas d’assez de temps pour réaliser autant de photos « présentables » que les professionnels.

Le « travail » des amateurs a une action bien plus subtile et plus dévastatrice sur le marché de la photo professionnelle. Le matériel de prise de vues d’aujourd’hui permet de réaliser très facilement des images à peu près bonnes (du point de vue technique). Le grand public réussit enfin à produire instantanément des images « ressemblantes ». Car il ne faut pas se leurrer, c’est ce qui demeure le critère principal pour tous ceux qui découvrent « la magie du numérique ». (Bien sûr, quelques-uns évoluent vers des images de qualité et deviennent des photoamateurs capables de belles réussites...) Mais, ce foisonnement d’images faciles à obtenir tend à occulter les notions techniques qu’il y a derrière une photo. On a l’impression que « ça se fait tout seul ». (Et je ne parle même pas d’autres critères, tels que le « regard » du photographe, les questions d’éthique ou les notions artistiques.) Du coup, on ne comprend plus qu’on ait besoin d’un professionnel pour faire « la même chose ». La valeur intrinsèque des images tend à diminuer, entraînant la baisse de leur valeur commerciale.

Un autre phénomène intervient dans la baisse du prix des photos : c’est le principe des images libres de droits (royalty free) qui a été popularisé par les agences, déjà bien avant la génération actuelle des « low cost » ». (Contrairement à ce qu’on pourrait croire, ces images ne sont pas gratuites, mais elles sont vendues à prix fixe pour être utilisées à volonté, mais sans exclusivité.) Par rapport au système traditionnel des droits d’auteur, cela fait évidemment un gros changement. Mais si l’on considère que bon nombre des images déposées dans les agences « low cost » par des pros, sont des prises surnuméraires d’un travail qui a déjà été rémunéré, cela n’est déjà pas si mal !

Comment s’en sortir ? Je n’ai pas de conseils à donner. (Si j’en avais, je serais consultant à 1000 euros de l’heure ;-) Je peux juste émettre le modeste avis d’un graphiste, dont la profession a été profondément chamboulée par l’informatique bien avant celle des photographes. Résistez ! Montrez votre différence avec les amateurs ! Soyez plus pros que jamais ! Connaissez vos logiciels à fond, car avec votre « background » professionnel, vous en tirerez bien plus que les amateurs. N’essayez pas de concurrencer les amateurs sur leur terrain, mais collez-vous à des travaux hors d’atteinte pour eux.

Il est bien clair qu’il conviendrait de différencier les diverses pratiques photographiques : un photo-journaliste d’actualités n’est pas soumis aux mêmes conditions que tel autre, très spécialisé, comptant sur son stock d’images.


Sources diverses (en plus de celles données dans le texte) :
• Internetactu, toujours à l’affut des enjeux et perspectives des nouvelles technologies, a publié, il y a juste une année, un très intéressant article (et commentaires) sur le crowdsourcing. Cette nouvelle façon de répartir le travail chez des particuliers, à la barbe des professionnels ne lasse pas d’inquiéter. A lire pour sentir le vent tourner...
• Christian Caujolle : Mort et résurrection du photojournalisme, article paru dans le Monde Diplomatique en mars 2005.
Article d’InternetActu (juin 06) consacré au phénomène FlickR : « C’est sur FlickR, ce formidable service de partage et d’échange de photos en ligne... »
Article d’InternetActu dans la suite du précédent avec une interview d’André Gunthert. Extrait : « Question d’InternetActu.net : Comment cet outil (NDLR : FlickR) est-il perçu dans la communauté des photographes ? » Réponse d’André Gunthert : « Il n’est pas perçu : il n’existe pas ! Pourquoi ? Les usagers de FLickR sont des amateurs. C’est une vieille histoire dans l’histoire de la photographie. Il n’y a pas de communication entre les univers des professionnels et des amateurs : ce sont deux univers cloisonnés qui n’utilisent pas les mêmes outils, ni les mêmes références. Or FlickR met à la disposition des usagers de base des outils qui étaient réservés il y a cinq ans encore à l’élite des agences professionnelles : ceux qui permettent de diffuser immédiatement une image dans le monde entier par exemple. Avec FlickR, tout le monde a désormais à sa disponibilité une agence internationale, qui fonctionne, comme l’ont montré les attentats de Londres, les émeutes en France… Pour autant, je pense que ce n’est pas cela du tout le but principal de FlickR. »
• Wickipedia : le modèle économique des agences « low cost », en particulier celui de Fotolia.
Je parlais ici, des nouvelles banques d’images... (et de ce qui est arrivé à ma profession).

Béat Brüsch, le 4 juin 2007 à 18.15 h
Rubrique: Les nouvelles images
Mots-clés: FlickR , amateur , banque d’image , professionnel
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