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mot clé «photojournalisme»

Sur son site, le photojournaliste Benjamin Krain présente des galeries de photo issues de ses reportages : le cyclone Katrina, le festival Burning Man, les petits cirques, la reconstruction de l’Afghanistan, les Îles Marshall, Cuba.
D’emblée, ses photos frappent par une impression d’évidence : l’image doit être ainsi, elle ne saurait être autrement. Son sens aigu du cadrage et de la composition, rend le propos limpide. Il n’y a rien de superflu. Les couleurs sont franches, les noirs profonds et les lumières juste là où il faut. Son esthétique - souvent dépouillée - et sa grande maitrise technique pourraient faire craindre une certaine froideur. Il n’en est rien et son approche des gens est marquée d’une profonde empathie. Bref, j’ai envie de dire que ses photos « ont la pêche ». Krain Afg Pour moi, il est évident que c’est ce type de photo qui sauvera le photojournalisme de la concurrence (prévue ou supposée) des photos d’amateurs. La différence se voit !
Certains prévoient qu’un look « pauvre », pixellisé, flou et mal exposé, à la manière de ce que produisent les téléphones portables, pourrait avoir cours pendant un certain temps... Un peu pour donner cette impression de vécu que l’on a pu voir ici ou là, lors d’événements qui se sont déroulés en l’absence de photographes de presse. Si cela arrive, je pense que ce ne sera qu’un effet de mode passager.
Benjamin Krain est étasunien. Après avoir travaillé pour différentes agences (Associated Press, Magnum) il semble se « stabiliser » à l’Arkansas Democrat-Gazette. Mais cela ne l’empêche pas de continuer à parcourir le monde avec passion.

Béat Brüsch, le 28 février 2007 à 22.35 h
Rubrique: Regarder en ligne
Mots-clés: documentaire , photographe , photojournalisme , société
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Le World Press Photo vient de décerner ses prix pour 2007. Les nombreux drames de l’année écoulée occupent évidemment les places d’honneur... si l’on peut dire ! Certaines images sont difficiles à soutenir, mais il faut les voir absolument (ou les revoir). Les photos primées sont à voir ici (lien cassé). Le grand prix revient cette année au photographe étasunien Spencer Platt pour une image où l’on voit de jeunes Libanais en visite chez leurs voisins, au lendemain du cessez-le-feu... (lien cassé) Ces braves gens sont peut-être sincèrement touchés, mais leur présence sur cette image détonne tellement avec l’arrière-plan que j’ai cru, un instant, être devant un montage ! WPress07 Comme je le rappelais dans mon billet de l’année passée au sujet du prix 2006, il n’est pas inutile de revoir les photos primées de ces 50 dernières années, ici. Saisissant résumé d’histoire contemporaine !

Béat Brüsch, le 10 février 2007 à 18.00 h
Rubrique: A propos d’images
Mots-clés: WorldPressPhoto , photojournalisme
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J’avais 10 ans quand j’ai vu cette image. Depuis, je n’ai plus regardé le monde tout à fait de la même façon. Ce beau garçon, de quelques années mon aîné, était très rapidement devenu mon héros. Il aurait fait un chef de bande formidable et pas une bande d’aucun quartier de la ville ne nous aurait résisté. Mais j’ai très vite été saisi d’effroi quand on m’a expliqué que chez lui c’était la vraie guerre et que son flingue était un vrai. « ...un vrai pour tuer ». Souvent, j’allais regarder cette image et je restais pensif en me demandant ce qu’était devenu mon copain. J’ai bien dû faire quelques cauchemars.

Mon Che

Peu de temps après, mes parents ont accueilli dans leur petite entreprise un nouvel employé, un réfugié hongrois. Zoltan était un gars brillant, gentil, jovial, trop cool quoi (mais on ne disait pas comme ça). Souvent on lui demandait de nous raconter... Je pouvais rester des heures à ne pas croire que de telles atrocités fussent possibles. Pour le gamin que j’étais, tout ce que j’entendais là, venait gonfler la force de cette image. Je me demande si je n’ai pas secrètement décidé que Zoltan c’était lui, le garçon au fusil... et que ce transfert m’a aidé à croire qu’il s’en était sorti vivant. Après quelques années Zoltan est parti plus loin, en Amérique ou il a eu une vie bien remplie, à ce que je sais.
Moi je n’ai plus trop pensé à cette image. Mais je ne l’avais pas oubliée. Quand j’ai vu arriver ce 50e anniversaire, j’ai consacré plusieurs heures à passer en revue toutes les images de Hongrie disponibles en ligne. Rien. Pourtant je n’avais aucun doute sur sa réalité, j’aurais pu la dessiner. Il y a quelques jours, je suis entré, presque par hasard, dans une exposition commémorative de la révolution hongroise et là je l’ai reconnue tout de suite. Il était temps, l’exposition se terminait le même jour !
Cette version de l’image, en couverture du magazine L’Illustré, du 15 novembre 1956, est colorisée. Je l’ai peut-être vue à l’époque, mais je me souviens surtout d’une autre version en noir et blanc contenue dans une petite brochure avec une couverture aux couleurs du drapeau hongrois. Si je vous raconte cette histoire, ce n’est pas pour m’épancher sur ma vie intime. C’est parce que cette image m’a éveillé au monde. C’est pour parler de la force des images.

Béat Brüsch, le 15 novembre 2006 à 11.20 h
Rubrique: A propos d’images
Mots-clés: guerre , photojournalisme
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Se mettre dos aux ruines du Worl Trade Center pour photographier le regard des gens. Saisir une atmosphère, loin du tumulte, entre Pakistan et Afghanistan. Faire parler les néons qui éclairent les nuits du monde. S’arrêter pour mesurer les stigmates de l’histoire sur les plages du débarquement. Se projeter dans un non lieux, pour nous faire voir notre propre apocalypse. Montrer la propre violence des murs. Et la douceur des bisous. Qui peut nous faire voir tout cela et bien plus encore ? Meunier Depuis 15 ans qu’il existe, on ne présente plus le collectif Tendance Floue : 12 regards différents, une vision commune. Qu’ils travaillent seuls ou en collectif, ils racontent notre temps. Pour eux, rien n’est banal, tout ce qu’on sait voir peut faire sens. Flore Ils sont : Pascal Aimar, Thierry Ardouin, Denis Bourges, Gilles Coulon, Olivier Culmann, Mat Jacob, Caty Jan, Philippe Lopparelli, Bertrand Meunier, Meyer, Flore-Aël Surun, Patrick Tourneboeuf. Installez-vous, réglez vos écrans et passez de grands moments en visitant toutes (oui, toutes !) les galeries de photos de leur site. Sommes-nous ? est le titre de leur expo durant le Mois de la Photo (de Paris, France - Aux Voûtes, 19 rue des Frigos). C’est également le titre de leur dernier livre, avec un texte de Jean Baudrillard. Co-édité par Naïve Livre et Jean di Sciullo Éditions.

Béat Brüsch, le 1er novembre 2006 à 01.05 h
Rubrique: Regarder en ligne
Mots-clés: photojournalisme
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Lors de plusieurs événements récents, en général dramatiques, on a vu la diffusion dans la presse de photos d’amateurs provenant de téléphones mobiles, caméras vidéo ou autres matchappareils photo-numériques. Les photos d’Abou Ghraib à Bagdad, celles du tsunami en Asie du sud-est ou des attentats de Londres sont encore dans toutes les mémoires. Les événements tragiques ou les scènes de pipoles croustillantes ont pour caractéristique de ne pas prévenir. Mais aujourd’hui, tout le monde a au moins un appareil photo-numérique, ne serait-ce que dans son téléphone portable, avec pour celui-ci l’avantage d’être toujours et immédiatement disponible. Notre présence d’esprit ou notre opportunisme feront de nous, tour à tour, des témoins privilégiés ou de tristes paparazzi.

L’utilisation de photos d’amateurs par les agences de presse n’est certes pas nouvelle. Par contre, la prolifération des numériques et les moyens de communication modernes changent la donne. Il se crée un véritable marché du scoop amateur. Autrefois, l’auteur d’une telle photo ne savait ni ou s’adresser ni à quel montant la céder. Désormais, il existe des services web spécialisés qui servent de courtier entre l’amateur et les « clients potentiels ». Le prix est négocié, voire l’objet d’enchères, puis réparti selon un barème entre l’auteur et l’intermédiaire : Scooplive, FranceScoopt, Grande BretagneCell Journalist, USASpyMedia, USA

L’émergence du pixel amateur, avec son statut de document authentique, renforcé encore par l’aspect brut de fonderie, vient bousculer un peu plus le paysage de la photo de presse qui n’en demandait pas tant.

« La présence, visible, du pixel dans la presse n’est jamais que la sanction ou juste la matérialisation d’un état de l’image aujourd’hui. Un état qui ne relève plus de la tradition de la photographie, mais de celle, nouvelle, d’un codage numérique du réel dans les limites d’un cadre, avec les conséquences, visuelles, techniques et interprétatives, qui en découlent. Notre relation entre le réel et son image a changé, parce que ce qui était jadis réservé à une « élite » est maintenant accessible à tous. Tous témoins, tous producteurs d’images sur les faits. Nous devons simplement le prendre en compte. » ...nous dit Christian Caujolle dans « Mort et résurrection du photojournalisme » article paru dans le Monde Diplomatique en mars 2005, que je vous encourage à lire.

Ce sujet est traité dans le dernier numéro d’IMAGES magazine (No 18 - septembre - octobre 2006) qui cette fois, s’est montré bien en prise avec les débats qui agitent le monde de la photo. Ce n’était pas vraiment le cas dans sa livraison précédente où IMAGES magazine était en retard d’une guerre à propos des banques d’images. Dans un article qui se voulait « tendances » (!) on ne nous présentait que les grosses banques d’images classiques, alors que l’on assiste à l’émergence d’une nouvelle génération de banques d’images en rupture avec les vieux schémas. Voir cet article sur Wikipedia et ma brève ici. Je reviendrai bientôt sur ce sujet...

Béat Brüsch, le 17 octobre 2006 à 19.00 h
Rubrique: Les nouvelles images
Mots-clés: amateur , photojournalisme
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