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mot clé «photographe»

Gilles Porte est tantôt directeur de la photographie, tantôt réalisateur et/ou scénariste pour de nombreux films courts ou longs. Avec Yolande Moreau il partage le César du Meilleur premier film en 2005 pour Quand la mère monte. Il photographie aussi des images qui ne bougent pas : « J’ai une fille de cinq ans et demi : Syrine. Dès sa première année scolaire, Syrine devait, avec les autres enfants de sa classe, constituer un cahier de « bonhommes ». Chaque mois, il fallait dessiner un personnage sur son cahier, sans aucune consigne particulière. Cela fait maintenant trois ans, que des « bonhommes » surgissent régulièrement sur les pages et se métamorphosent au cours du temps.... » La suite ici, sur les carnets que Gilles Porte a remplis de tous les « bonhommes » rencontrés autour du monde.

Béat Brüsch, le 6 avril 2009 à 16.06 h
Rubrique: Regarder en ligne
Mots-clés: dispositif , documentaire , photographe
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Reconnaissances 1969-2007

Dans le cadre du festival Images’08, leMusée Jenisch de Vevey (Suisse) présente une exposition rétrospective du photographe suisse Balthasar Burkhard constituée d’environ 80 oeuvres, dont une trentaine d’héliogravures. Reconnaissances, le titre de l’exposition, prend tout son sens avec la muséologie intelligente qui y est mise en oeuvre. Elle est empreinte d’une élégante sérénité qui prédispose à la contemplation. Les images ont été choisies et mises en scène de manière à relier les thèmes très divers abordés par l’artiste depuis 40 ans et à rendre intelligibles certaines constantes de son oeuvre. Qu’il photographie des corps, des déserts, des montagnes ou des animaux de foire, Balthasar Burkhard nous montre la vie débarassée des hardes de la réalité apparente et dont il ne reste souvent qu’une peau, ultime barrière dont le grain visible, magnifié, peut nous faire ressentir la substance jusqu’au frisson.

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Un éléphant au musée
© Balthasar Burkhard - re photographié par B. Brüsch ©

Les grands formats sont constitutifs de beaucoup d’oeuvres de Burkhard (en 1983, il expose à la Kunsthalle de Bâle 2 nus de 8 et 13 m de long). La mise en scène de ses photos, du support à l’accrochage en passant par l’encadrement, fait partie de la démarche du photographe. Il accompagne ses images jusque vers le spectateur pour que leur perception soit des plus fertiles. Ces photos ne se laissent pas enfermer dans des livres ou des portfolios numériques sans y perdre un peu (beaucoup ?) de leur âme. C’est véritablement sur des cimaises qu’elles trouvent leur respiration, c’est pour cela qu’elles ont été faites.

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Maiko, 1987
© Balthasar Burkhard - re photographié par B. Brüsch ©

Comme une exposition dans l’exposition, l’intégralité de l’oeuvre gravée de Burkhard est présentée. [1] On change radicalement de format, mais ce n’est que pour mieux se délecter de cette obsession de la matière qui habite toute l’oeuvre de Burkhard. Le procédé de l’héliogravure [2], d’une riche complexité, lui permet de doser à l’infini les matières dans des nuances de gris, tantôt saturées, tantôt diaphanes, de surfaces veloutées que l’on voudrait toucher. Les estampes ont toutes été réalisées dans l’atelier d’impression en taille douce de St-Prex.

Balthasar Burkhard est né en 1944. Il est engagé comme photographe documentaliste à la Kunsthalle de Berne dirigée alors par Harald Szeemann. C’est dans ce contexte qu’il s’éveille à l’art contemporain. Au bout de quelques années de séjour aux USA, il commence à exposer à Chicago (1977) puis à New York (1979). Dès les année 80 il expose dans le monde entier ses formats monumentaux. Depuis son séjour au Japon (1987) il abandonne les grands formats et réalise des vues plus intimistes. Ses premières héliogravures datent de 1992.

L’exposition est réalisée conjointement avec le Musée d’Art moderne et contemporain de la Ville de Strasbourg où elle a été présentée durant cet été. Elle sera visible au Musée Jenisch jusqu’au 11 janvier 2009.

Un catalogue est disponible : Balthasar Burkhard, Reconnaissances 1969-2007 / Recognitions 1969-2007 - Editions des Musées de la Ville de Strasbourg / Musée Jenisch Vevey, 2008 - Bilingue français-anglais, 144 pages, 100 illustrations, broché - Auteurs : Julie Enckell Julliard, Patrick Javault, Guillaume Le Gall, Dominique Radrizzani - ISBN : 978-2-35125-062-4 Diffusion : Le Seuil Prix : CHF. 55.- / € 36

Notes:

[1] La totalité de l’oeuvre gravée (une épreuve n°0 de chaque tirage) est déposée au Musée Jenisch - Cabinet cantonal des estampes - Fondation William Cuendet et Atelier de Saint-Prex.

[2] Les héliogravures que Burkhard réalise dès les années 1990 – une trentaine au total – viennent prolonger et nourrir l’obsession de la matière. La technique ancienne, découverte par Nicéphore Nièpce, avant d’être mise au point à Vienne par Karl Klič et W. H. Fox Talbot en 1878, consiste en l’impression d’une photographie par la projection du positif de l’image sur un papier au charbon, sensibilisé aux sels d’argent. L’ensemble est ensuite « insolé » par une exposition plus ou moins longue à la lumière, puis appliqué sur une plaque de cuivre. La technique, d’abord imaginée comme un simple moyen de reproduction de la photographie, permet d’adoucir et de nuancer à l’extrême les épreuves obtenues par le développement ordinaire. Les noirs velours qu’elle révèle, la gamme infinie de blancs ou de gris et les subtils passages entre ces valeurs concourent à faire ressortir d’une manière unique le moelleux du cliché. Grâce à l’action de l’acide sur les parties sombres de l’image, l’impression héliogravée confère au sujet reproduit une troisième dimension que la photographie ne dit pas. (Extrait du catalogue : De la photographie à l’héliogravure. Balthasar Burkhard : une histoire de peaux - par Julie Enckell Julliard)

Béat Brüsch, le 29 septembre 2008 à 14.59 h
Rubrique: Voir de ses yeux
Mots-clés: exposition , musée , photographe
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Images’08 se déroule depuis le 11 septembre à Vevey (Suisse) jusqu’au 30 septembre. Ce festival des arts visuels proposait des expositions de photographies, une programmation cinéma et des concours internationaux. Voir le détail ici. J’ai été vivement intéressé par l’ensemble de ces propositions très alléchantes. Le nombre d’expositions annoncées et la qualité des intervenants laissaient supposer une programmation rivalisant avec les plus grands festivals ! Mes attentes ont été un peu déçues. Bien qu’il y eut quelques beaux effets (comme la photo ci-dessous, de Geert Goiris, surgissant au détour d’une place), l’ensemble m’a laissé une impression d’émiettement et d’inaboutissement. Il y avait « de tout un peu ». J’ai trouvé que les expositions en plein air manquaient de « souffle » et de densité. Elles étaient excessivement discrètes, bien sages et bien rangées, un peu comme si on voulait ne pas déranger. Un chaland, pas informé de la manifestation, aurait pu ne rien remarquer !
Je sais que quantité ne rime pas forcément avec qualité. En l’occurrence, je pense qu’ici on aurait pu réduire la quantité d’expositions (ou de photographes) et augmenter la quantité d’images montrées par photographe. Mais c’est peut-être moins vendeur.

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Grand prix international de photographie 2008, Geert Goiris (Belgique)
© Geert Goiris - re photographié par B. Brüsch ©

La photo géante de Peter Garfield spectaculairement plaquée sur un silo à grain a fait florès dans les journaux locaux. On se réjouit donc de voir l’exposition des autres photos de l’artiste... Une signalétique plus que discrète nous mène finalement dans les combles du Musée historique pour découvrir juste 5 ou 6 photos (de mémoire) et une installation vidéo. Frustrant.
Une autre photo géante sur une façade, due à Renate Buser, nous met l’eau à la bouche. Mais il n’y a rien d’autre à voir de cette artiste à la démarche pourtant passionnante. Frustrant.
Allons voir l’exposition en plein air de Chris Jordan, dont les photos jouent sur l’accumulation de rebuts d’objets de consommation... 6 panneaux (dont un d’explications). Nous sommes loin de l’effet d’accumulation ! Décevant.
Des photos de Gilbert Garcin, imprimées sur un support souple, étaient à voir à la Grenette. L’effet était assez réussi. Continuons donc la visite en allant voir l’exposition de ce photographe que présente la Galerie Clément. J’y étais un dimanche (oui, des fois je travaille en semaine) : fermé ! Alors que la Galerie Arts et Lettres, qui ne participe pas à la manifestation est ouverte le dimanche. On ira donc voir la suite sur le site internet de Gilbert Garcin : 365 photos... à regarder en plusieurs fois, car on se lasse même des meilleures choses ;-)
Les photos de Nicolas Righetti (série Love me - WordlPress 07) sont placardées dans un passage sous-voie pas vraiment facile à trouver. Un peu sombre... mais bon, pourquoi pas ?
J’ai cherché vainement les photos de Denis Darzacq... j’ai appris qu’il aurait fallu lever la tête... Tant pis, c’est sûrement de ma faute !
Je m’arrête ici pour ne pas faire de ce billet une revue de détail. Je voudrais cependant relever que les « institutionnels » de la place tirent très bien leur épingle du jeu.

Le Musée Suisse de l’appareil photographique nous présente 3 expositions (jusqu’au 4 janvier 2009) :
- Un bel hommage au très attachant photographe Yvan Dalain, disparu en septembre 2007.
- Une exposition sur une petite merveille de la technique (et fierté nationale !) : la Sinar, caméra technique, modulaire, pour les grands formats professionnels.
- Ambroise Tézenas : Pékin, théâtre du peuple. On peut juste regretter que l’exiguïté des locaux nous prive de voir plus de tirages (étonnants) de ce photographe qui travaille en pleine rue avec une chambre Sinar. On se consolera avec le diaporama.

Le Musée Jenisch, de son côté, présente une impressionnante exposition de Balthasar Burkhard dont je vous parlerai prochainement.

Béat Brüsch, le 28 septembre 2008 à 19.37 h
Rubrique: Voir de ses yeux
Mots-clés: exposition , musée , photographe
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Le photographe Andreas Seibert a entrepris depuis 2002 un travail documentaire sur les conditions de vie des travailleurs migrants en Chine (les mingongs). Son site présente 4 magnifiques portfolios qu’on peut consulter sur cette page. (N’oubliez pas de lire les textes et légendes ;-) Ses photos sont empreintes d’une esthétique simple, directe et font preuve d’une maitrise technique époustouflante. Admirez sa virtuosité dans l’utilisation de la profondeur de champ. A la vue de cet univers de migrants intérieurs, je ne peux m’empêcher de faire un parallèle avec le travail de Samuel Bollendorff que j’évoquais ici, il y presque une année. Les approches respectives des 2 photographes ne me semblent pas foncièrement différentes. Mais on ne peut en dire autant des résultats visuels ! Si sur certains points on peut trouver quelques analogies (les mises en page centrales des personnages, par exemple), force est de constater que le rendu de leurs photos est très différent. Chez l’un, les photos ont un aspect « brut de décoffrage », alors que chez l’autre on peut, en exagérant à peine, parler d’une qualité « studio ». Que faut-il en déduire ? Le rendu de ces images est-il déterminant pour leur force ?
Les images de Bollendorff montrent bien qu’elles ont été faites à la sauvette, en cachette, dans des conditions d’éclairage non contrôlées. Mais elles laissent voir aussi que la postproduction a été succincte, voire inexistante. Il n’y a, semble-t-il, pas eu de tentatives de rattraper une lumière défaillante ou une couleur qui aurait « dérapé ». (Que le photographe me pardonne, mais on a un peu l’impression que les photos on été réalisées avec un appareil de poche argentique et tirées au supermarché du coin ;-) Cela est-il le résultat d’un choix esthétique délibéré de la part du photographe ? Cet effet est-il cultivé, appuyé, voire exagéré ? Et dans quels buts ?
Avec les images de Seibert, on ne ressent pas du tout cette impression de photos arrachées en vitesse avant qu’un agent de surveillance ne vienne mettre fin à la séance. Pourtant, les acteurs sont presque les mêmes et se prêtent au jeu avec simplicité. Certaines photos sont visiblement un peu plus posées et toutes sont soigneusement (et respectueusement) postproduites. Cela les rend-il moins convaincantes ?
En ce qui me concerne, j’adhère sans peine aux deux types de photos, à leur profonde humanité et je respecte les démarches qui y conduisent, mais je voudrais connaitre ce qui motive les unes et les autres. Les photos approximatives à gros pixels apparents dont on a cru un moment qu’elles envahiraient une presse en mal de crédibilité sont elles toujours « tendance » ? Ou faut-il prendre ces photos peu travaillées pour une résurgence de l’Arte Povera ? Mais aussi, peut-on demander à un photographe professionnel, maitrisant parfaitement les aspects techniques de son métier, de tout oublier pour ne pas être accusé de « faire de l’esthétique sur le dos de la misère »...? (C’est ainsi que c’est parfois formulé !) Ce débat est ouvert depuis longtemps, on le voit par exemple ressurgir chaque année au moment des prix du World Press Photo. Je n’y apporte pas de solution, je propose juste quelques questions de plus... et une comparaison.
Andreas Seibert est né en Suisse en 1970 et a étudié à Zürich. Depuis 1993 il vit et travaille à Tokyo. On peut voir un accrochage de la série From Somewhere to Nowhere jusqu’au 26 septembre à la galerie Coalmine à Winterthur (Suisse). Les 4 portfolios sont visibles sur son site où vous trouverez également une biographie.
Le travail de Samuel Bollendorff À marche forcée, dont on peutvoir le diaporama ici, a été remarqué l’année passée à Visa pour l’image. Dans une courte interview, il raconte l’adversité à laquelle se heurte un photographe en Chine... j’aimerais en savoir un peu plus, sur ce point, dans le travail de Seibert... Je compte me rendre à son exposition à Winterthur et vous en dirai plus si j’y glâne quelques réponses.

Béat Brüsch, le 16 août 2008 à 00.40 h
Rubrique: Regarder en ligne
Mots-clés: esthétique , exposition , photographe , société , voir
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Les festivals de photo de l’été sont de retour. Leurs sites internet, tout frais tout beaux, sont en ligne et il faut les consulter pour se faire des envies... Celui d’Arles, après l’interface ésotérique et décourageante de 2007, revient à une navigation classique dans laquelle tout le monde s’y retrouve (c’est le but, non ?). Et, bonne surprise, Visa s’est enfin offert un site moderne et digne de ses aspirations (il n’est juste pas encore complet, mais la manifestation est en septembre).

Les Rencontres d’Arles 2008 Expositions du 8 juillet au 14 septembre 2008 (accréditations jusqu’au 15 juin !)
« Ceux qui s’attendent à un festival « Fashionista » auront le droit d’être déçus. D’ailleurs qu’est-ce que mode veut dire aujourd’hui ? J’aimerais mieux le masculin « Un » mode d’être, de se montrer, de paraître. Alors ne pas s’arrêter aux poses et postures, aux étoffes et aux fards mais gratter sous la peau, sous le regard pour approcher au plus près ce qui parmi ces millions ou milliards d’images qui me sont passées par la rétine, ont provoqué l’oeil, arrêté mes goûts et mes couleurs, peut constituer le chemin de cailloux blancs où entrainer les visiteurs de cette 39e édition. » Christian Lacroix, commissaire invité des Rencontres et natif d’Arles.
Dans la liste des expositions, Richard Avedon et bien d’autres, à découvrir directement ici.

Visa pour l’Image, Festival international du photojournalisme. Du 30 août au 14 septembre 2008 (Semaine professionnelle du 1er au 7 septembre 2008).
« Les milliers d’images qui nous sont proposées à Visa pour l’Image (...) sont, depuis ces 2 ou 3 dernières années, de plus en plus aseptisées, uniformisées et pour tout dire sans intérêt, ressassant les mêmes sujets vus sous le même angle. Le phénomène ne fait que s’accentuer. C’est à cette dégradation de l’image que notre rendez-vous annuel voudrait tenter d’apporter une explication, si ce n’est une amorce de solution. » Jean Lelièvre (direction du colloque)
Dans la liste des expos, encore incomplète : David Douglas Duncan et bien d’autres à découvrir directement ici.

Il y a aussi : • Le Festival de la Gacilly, qui pour sa 5e édition a changé de nom et devient le Festival Photo Peuples et Nature. Cela se passe en Bretagne du 30 mai au 30 septembre 2008, en plein air. • Les Transphotographiques de Lille, du 15 mai au 29 juin 2008 (c’est maintenant !) • Pour l’exhaustivité, on se rendra chezPhotosapiens qui tient à jour un annuaire des festivals photo de France.

Béat Brüsch, le 4 juin 2008 à 12.10 h
Rubrique: Voir de ses yeux
Mots-clés: Arles , exposition , photographe , photojournalisme
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