Mots d'images


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© Béat Brüsch - carte à gratter 1992

Je vous souhaite une nouvelle année aussi bonne que possible. Prenez cette image pour un reflet de l’année écoulée ou investissez là de vos désirs les plus fous pour la nouvelle année.

Je tire cette image - jamais publiée - de mes archives. Elle devait illustrer une autre crise, mais je ne sais plus laquelle ;-)

Béat Brüsch, le 31 décembre 2008 à 01.38 h
Rubrique: Divers
Mots-clés: illustration
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2008

Voici revenu le temps des rétrospectives annuelles, un des nombreux marronniers de saison à côté des bêtisiers et des bonnes résolutions. Quelques revues annuelles en images...


Désormais dans l’exercice du diaporama de photos de presse, il faut compter avec l’incontournable The Big Picture du Boston Globe. Merveilleuses, étonnantes, tragiques, voire insoutenables... Que dire de ces photos recouvertes de noir avec un avertissement sur leur contenu choquant ? N’est-ce pas justement une invitation à cliquer pour voir ? Mais comment faire autrement ? Au Boston Globe la rétrospective se déroule en 3 parties : part 1, part 2, part 3. Pendant que nous y sommes et pour prendre un peu de hauteur, revoyons leur magnifique calendrier de l’avent, qui rassemble le fleuron des photos de Hubble.

L’agence de photographes L’Oeil Public présente une des plus intéressantes rétrospectives. On n’y trouvera pas l’exhaustivité et les « classiques » des sites de presse. Les photographes de l’agence travaillent ailleurs, autrement, sur le long terme et portent un regard différent de celui de l’actualité vite faite, vite vue.

En 48 images bien choisies (mais pas dans l’ordre chronologique) Time fait le tour de l’année, surtout américaine. Le défilement, page après page, n’est pas très fluide. Il y a d’autres séries de photos à voir chez Time, entre autres, une sélection de photos de Barack Obama tirées de Flickr. (On peut bien sûr se rendre directement chez Flickr pour les voir, mais il y en a 88’692 à cette heure ! Ici c’est une sélection.)

La revue annuelle de Reuters est, cette année, un peu décevante : trop de photos, une sélection relâchée, pas de chronologie ... tout cela fait un peu « foutoir ».

Avec commentateurs et musique d’ambiance pour le pathos, le diaporama de MSNBC en est toujours à essayer d’imiter la télévision. Hié ! Comme les meilleures photos sont aussi visibles sur les autres revues annuelles, on pourra s’en passer.

À L’Express, la page Rétro 2008 en images propose un grand bouquet de Top10 et de Top/Flop. Beaucoup de pipoles, beaucoup d’insignifiances, on dirait une émission de Dechavannes. À éviter, sauf pour voir encore une fois dans quel sens du poil il faut caresser le lecteur...

Le Soir propose Retro Viseur : Un Autre Regard sur 2008. Beaucoup de photos (1 portfolio pour chaque mois) avec, malheureusement, des légendes parfois trop sommaires.

Rue89 propose les 12 vidéos qui ont le plus buzzé en 2008. Choix très franco-français ne portant, pour 10 d’entre elles, que sur des politicards... Affligeant. Vous obtiendrez un choix bien plus ouvert en tapant « best of 2008 » sur youtube ;-)

Magnum proposait l’année passée un beau diaporama sur l’année écoulée. Rien de tel pour l’instant sur leur site. On y retrouvait également des portraits de personnalités décédées dans l’année. Pour les décès de 2008, c’est Le Post et Le Point qui s’y collent, mais l’enterrement est moins classe que chez Magnum.

Ceux que vous ne verrez pas dans les rétrospectives de 2008, ce sont les 229 tués et 700 blessés du raid israélien sur Gaza du 27 décembre. Trop tard pour eux... voici le diaporama et la dépêche de Reuters reprise par Le Monde (plus en ligne).

Béat Brüsch, le 28 décembre 2008 à 01.35 h
Rubrique: Regarder en ligne
Mots-clés: agence , médias , photojournalisme
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Le philosophe Jacques Rancière :

« ...
Le statut de l’image fait aussi débat dans les médias. Partagez-vous le scepticisme ambiant, qui affirme que nous sommes noyés sous les images, et que celles-ci sont trop souvent violentes, voire intolérables ?

Pas du tout. Quand je regarde la télévision – et plus précisément les informations –, je vois beaucoup de gens qui parlent, et très peu d’images, au fond, de la réalité. C’est le défilé des experts, des gens venus nous dire ce qu’il faut penser du peu d’images qu’on voit ! Il suffit de voir l’importance que le mot « décrypter » a prise dans les médias. Et que nous disent ces experts ? A peu près ceci : « Il y a trop d’images intolérables, on va vous en montrer un tout petit peu, et surtout on va vous les expliquer. Parce que le malheur des victimes, n’est-ce pas, c’est qu’elles ne comprennent pas très bien ce qui leur arrive ; et votre malheur à vous, téléspectateurs, c’est que vous ne le comprenez pas plus. Heureusement, nous sommes là. »
... »

Interview à lire dans Télérama...

Béat Brüsch, le 19 décembre 2008 à 12.41 h
Rubrique: A propos d’images
Mots-clés: interview , société , éthique
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Swiss Press Photo 2008

Swiss Press Photo a désigné ses lauréats pour 2008. Le grand prix est décerné à Charles Ellena pour une photo de... Christophe Blocher ! « Kopfertami nonemôôl, encore lui ! » [1] ne peut-on s’empêcher de dire. Depuis son éviction du Conseil Fédéral jusqu’à sa récente et pathétique re-candidature pour le même poste, la presse et les autres médias n’en peuvent plus de nous abreuver de tout ce qui touche de près ou de loin à ce personnage. Sur son blog Piques et répliques, Daniel Schöni-Bartoli relève que Le Matin lui a consacré 8 articles en 4 jours : [2] ...« Il reste une vingtaine de jours jusqu’à l’élection d’un nouveau membre du gouvernement en remplacement du démissionnaire. Va-t-on assister à un déluge blochérien quotidien pendant ces 3 semaines ? Nous arrivons à une personnalisation de la politique totalement hors de proportion avec les pratiques habituelles de notre pays. Le Matin a aussi convoqué tout le ban et l’arrière-ban de l’UDC ainsi que les dirigeants des autres partis pour commenter la chose, pour la faire mousser un maximum... » On peut aussi se demander quel attrait ce pesant personnage peut avoir par rapport à des pipole bien plus légers et agréables à l’oeil du lecteur du Matin ? Peut-être faut-il y voir le rôle de l’ogre, qui à l’instar de celui des contes, est plébiscité par les enfants malgré la peur qu’il engendre ?

Toutefois, la photo lauréate (parue dans Le Matin) se distingue de l’imagerie habituelle. Lors d’une grande manifestation du parti UDC à Berne, le photographe Charles Ellena ne s’est pas joint à la meute de ses collègues qui traquaient l’agitation en ville. Il s’est posté auprès de Blocher attendant le signal de départ pour la manif. On le voit de loin (au grand angle) dans un jardin public, avec son épouse, attendant sagement le signal de départ du cortège. Tous les deux sont entourés d’une meute de gardes du corps. J’en dénombre 9, mais il y en a peut-être d’autres planqués dans les fourrés ou simplement hors champ. En Suisse, un tel déploiement est assez inhabituel. Il faudrait une visite d’état de la part d’une très grande puissance mondiale pour engendrer de pareils dispositifs. Que veut donc nous dire cette photo ? Que Blocher est un grand homme superpuissant ? Qu’il est le roi du pays ? Que des méchants lui veulent du mal et qu’il doit s’en protéger ? Qu’il accepte avec courage de se battre pour notre bien ? Ou simplement la (relative) solitude du pouvoir ?

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© Charles Ellena - Keystone - Swiss Press Photo

A l’époque, Blocher était encore (pour 2 mois) Conseiller fédéral et accessoirement chef du Département fédéral de justice et police. La manifestation à laquelle il se rendait (6 octobre 2007) devait réunir 10’000 partisans de l’UDC. Elle était ressentie comme une manifestation de force, une provocation, qui ne pouvait laisser indifférents une gauche radicale et les casseurs. On pouvait donc bien s’attendre à quelques débordements. Fallait-il pour autant une garde rapprochée de cette importance ? N’étant pas spécialiste en matière de protection du patrimoine politique, je ne me prononcerai pas. Par contre, ce dont je suis sûr, c’est que dans un pays où l’on peut aisément croiser des représentants de nos plus hautes autorités dans des lieux publics sans qu’un service d’ordre se fasse remarquer, cet étalage ostentatoire de bodyguards est frappant.

Derrière son aspect anecdotique, cette photo, véhicule des messages bien plus forts que les portraits un peu bonasses du personnage auxquels nous sommes habitués. On y trouve la manifestation d’une puissance calme, sûre d’elle et intouchable. Peut-être que ce spectacle n’a pas été mis en scène par Blocher et ses communicants (qui ne sont pourtant pas nés de la dernière provocation) et dans ce cas, c’est tout à l’honneur du photographe de l’avoir débusqué.

D’autres photographes ont été distingués par le jury :
- Magali Girardin, Genève, pour un travail sur la prostitution masculine
- Ruth Erdt, Zürich, pour une série d’images avec ses propres enfants
- Olivier Vogelsang, Genève, qui gagne 2 prix, l’un pour des fans de l’équipe suisse de football et l’autre pour des danseuses et des danseurs du Ballet du Grand Théâtre de Genève.
- Jean Revillard, Genève, pour ses photos d’abris provisoires d’immigrés clandestins dans les bois environnant Calais. Cette série avait déjà été récompensée d’un prix au Worldpress 08 et lui avait valu quelques critiques, dont celles de Louis Mesplé (Rue89).

Les photos lauréates sont à voir ici. La description de tous les prix distribués se trouve ici. On peut obtenir le catalogue en librairie ou directement chez l’éditeur.

Notes:

[1] Kopfertami nonemôôl
Juron très commun en Suisse alémanique, correspondant à peu près à « nom de dieu ». Essai d’éthymologie...
Kopfertami : Gott verdammt = littéralement : dieu damné
nonemôôl : noch einmal = encore une fois (s’utilise comme « une fois » en Belgique)

[2] Depuis la date de ce billet, ça continue évidemment. Il faut dire aussi que les autres journaux ne sont pas en reste, mais je n’ai pas compté !

Béat Brüsch, le 30 novembre 2008 à 18.57 h
Rubrique: A propos d’images
Mots-clés: peoples , photojournalisme , presse
Commentaires: 1

Signalée hier par plusieurs sites internet, la publication des archives photographiques de Life par Google n’a pas (encore ?) fait beaucoup de bruit, juste quelques applaudissements. « ...ils sont sympas » nous dit bienbienbien.net, à qui on ne la fait pas. Oui, vraiment sympas de nous offrir toutes ces photos gratuitement ! (gratuitement ?) Soucieux de droits d’auteurs, mais aussi de sources de photos gratos (chacun ses contradictions : c’est un réflexe de blogueur, on ne se refait pas ;-) j’ai cherché à savoir ce qu’il en était des droits pour ces images. On a beau fouiller dans tout le site... hormis un tout petit © Time Inc. dans un coin, il n’y a rien de rien pour les légalistes. Alors que sur n’importe quel blog présentant les photos de son chat on trouve des indications inratables de leur statut légal, il ne se trouve rien de tel ici. Bizarre, non ? Bon, il y a un lien qui nous mène vers une société commerciale proposant des tirages papier, mais cela ne nous indique pas clairement ce qu’on a le droit de faire de ces photos.

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Gangster Mickey Cohen sitting amongst the front pages of newspapers that helped make him the city’s’ most infamous citizen.
Los Angeles, 1950 - Photographer : Ed Clark - © Time Inc.

Que cherchent-ils chez Google ? Ces chérubins ne prévoient-ils pas que des photos de cette qualité, accessibles directement dans des grands formats inhabituels sur le web, seront pillées en masse ? Avec cette opération, Google augmente encore un peu son prestige de pourvoyeur gratuit de documents du patrimoine culturel mondial. Mais, en omettant sciemment d’aborder clairement les questions de copyright, il tend à accréditer un peu plus l’idée que sur le web tout est gratuit et surtout chez Google. Et ça marche. Entendu ce matin aux infos de 10 heures sur RSR1 : (à propos des photos de Life sur Google) « ...accessibles gratuitement ». Gageons que ce terme sera interprété à loisir, selon les intérêts de chacun. Et que le principe du droit d’auteur s’en trouvera encore un peu plus embrouillé. (Voir mon billet sur les oeuvres orphelines)

Ah ben tiens, je vais en mettre une, de ces photos. On verra bien s’ils m’envoient leurs avocats...


Addenda du 20.11.2008:

On en apprend un peu plus sur les dispositions légales pour ces images. Dans une interview à Photo District News (PDN), Andrew Blau, le président de Life, déclare en substance que sa compagnie fermera les yeux sur les utilisations non commerciales de ses images et que les blogueurs qui copient/collent leurs images ne sont pas leur première préoccupation (on s’en doutait quand même un peu ;-) Ce qui les intéresse bien plus, comme cela a été remarqué en commentaires, c’est les gros poissons commerciaux et c’est bien pour cela qu’ils se sont associés avec Getty Images (ça va saigner !) En passant, PDN a aussi remarqué qu’il n’y a pas d’indication sur le site quant à l’usage qui peut être fait ou non de ses photos.

Mais je ne vais pas tout vous réécrire, voyez plutôt la VO ici.

Béat Brüsch, le 19 novembre 2008 à 16.04 h
Rubrique: Droit des images
Mots-clés: blogosphère , copyright , droit
Commentaires: 4
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