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Exposition de photos en plein air, au mois de mai à Séville. Dans une avenue où l’on s’attend à trouver des affiches publicitaires, il est toujours surprenant d’y découvrir des panneaux géants qui n’affichent ... « que » des photos. Légère confusion et surprise pendant un court instant, car leur esthétique est proche de celle qu’emprunte souvent la photo publicitaire de mode. Mais à y regarder de près, il n’y a pas d’équivoque : ces images n’ont rien à nous vendre. Le propos de la photographe Angèle Etoundi Essamba est centré sur les personnes. Les femmes africaines qu’elle nous « dévoile » affichent une beauté puissante et délicate, tantôt soulignée, tantôt dissimulée, par les drapés des étoffes de couleurs vives et franches. Ces toiles et ces voiles, pourtant agencés avec simplicité, évoquent les plis savants des plus grands couturiers. Dans ce foisonnement de tissus, les regards se découvrent et s’affirment. Entre tradition et modernité, ce sont des femmes d’aujourd’hui. (Et aucune loi, même avec les plus beaux prétextes, ne les fera accélérer [1])

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L’Avenida de la Constitution est presque trop large pour n’appartenir qu’aux piétons, aux cyclistes et à quelques rares trams. Le théâtre de ces froissements d’étoffes - qui montrent plus qu’elles ne cachent - y trouve un espace idéal. Mais il est vrai que la plupart des passants (sûrement des habitués !) ne regardent pas les photos. Les touristes, eux, sont souvent plus réceptifs. Ils sont venus pour s’en mettre plein la vue et ce genre de surprises fait partie de la fête. On dira ce qu’on veut des touristes, mais ils font souvent preuve d’une grande disponibilité. (Quand je suis touriste, je grimpe dans tous les clochers qui se visitent, alors que chez moi, je ne suis jamais monté sur la tour de la « cathé », pourtant fréquentée par tous les touristes de passage !)

L’exposition Desvelos (dévoilées) a été organisée dans le cadre de Territorios Sevilla, XII Festival Internacional de Música de los Pueblos du 24 avri au 8 juin 2009. Angèle Etoundi Essamba est une photographe camerounaise installée aux Pays-Bas. Il y abeaucoup de photos à voir sur son site. [2] Son livre Voiles et dévoilements est disponible ici. Dans une interview à CamerounLink, elle déclare :
« ...le voile que je montre est celui qui ose, qui invite, qui séduit, parce qu’il autorise justement le geste du dévoilement.
Et plus loin :
C’est un sujet sensible, qui porte sur le rejet, le refus de la différence et donc touche directement l’identité même de l’être humain. Ce travail vise aussi à changer les regards et à susciter une réflexion sur toutes les formes d’exclusion dans notre système social. »

Notes:

[1] Chez nous en Suisse, le projet français d’interdire le port de la burka a donné des idées à ceux qui sont toujours à l’affut de nouvelles façons de stigmatiser les gens « différents ».

[2] Malheureusement, l’indexation n’est pas simple. Pour voir en ligne la série d’où sont tirées les photos exposées à Séville, accrochez-vous ! Rendez-vous d’abord à la page Art prints. Sous le titre manuscrit Essamba-Arts, clic sur Main Menu/Open Menu/Prints/Voiles et dévoilements (Ce jeu de piste est un bel exemple de la désastreuse usabilité de Flash !)

Béat Brüsch, le 5 juillet 2009 à 16.39 h
Rubrique: Voir de ses yeux
Mots-clés: exposition , photographe , société
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