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Que fait l’homme quand il ne peut pas faire la guerre ? Il fait du sport... C’est du moins ce que pourrait penser un martien tombant sur lediaporama des photos lauréates du World Press Photo 2008. Après une impressionnante suite de photos de guerre, on se dit qu’on va respirer un peu et goûter à la douceur de la vie. Las, c’est le sport qui débarque. Et ce ne sont pas les cueilleurs de champignons qui tiennent la vedette. La violence assumée de ces confrontations sportives nous laisse peu de doutes sur la nature guerrière des hommes.
Le grand prix de cette année - il ne m’enthousiasme que modérément - est décerné à Tim Hetherington. Je suis bien plus impressionné par la série de photos de Francesco Zizola sur la Colombie. Je suis choqué par les enfants chasseurs que nous montre Erika Larsen [1]. Lana Slezic a réalisé des portraits de femmes afghanes, burka relevée et photographiées derrière un tulle. Leur beauté m’interpelle. On voit bien l’idée astucieuse de remplacer un tissu par un autre. Mais cette mise en scène fait furieusement penser à l’imagerie des madones occidentales. Pourquoi les affubler de telles références ?

Notes:

[1] Ce n’est pas la photographe qui me choque, mais les cons qui font cela à leurs enfants !

Béat Brüsch, le 8 février 2008 à 18.45 h
Rubrique: A propos d’images
Mots-clés: WorldPressPhoto , photojournalisme
3 commentaires
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    1

    Peut-être parce que l’idée de renvoyer à des références visuelles qui font partie de notre culture esthétique profondément ancrée, devenues quasi inconscientes (des siècles d’art religieux judéo-chrétien)est furieusement efficace. J’y pense depuis des années : il y aurait une étude fort intéressante à mener sur le WPP et ses nombreuses pietà, madones et compositions à rapprocher de l’histoire de l’art classique ici
    ou encore

    Paradoxal, cet attrait pour la photo de presse sur-référencée ! A force, les participants ne sont-ils pas tentés de chercher à construire l’image selon des critères qui semblent très éloignés d’une spontanéité que l’on suppose dans la discipline ?

    Sinon, j’ai bien aimé cette série de portraits de Vanessa Winship, cette année.

    Envoyé par La dame, le 11.02.2008 à 09.28 h
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    2

    Suis moyennement emballé par la photo qui l’a emporté, moi aussi. J’aime toutefois son côté théâtral : on a l’impression que le soldat est une sorte d’acteur qui peut venir se planquer derrière un décor pour souffler un peu, se remettre de ses émotions. Si ce n’est qu’on est encore dans l’émotion avec ce flou de bougé... Théâtral aussi ce geste de la main posée sur le front, ou sur l’oeil.
    Parmi les photos parfois belles, parfois choquantes, parfois les deux, il y a aussi .
    Quant au "madones" dont vous parlez, compte tenu de la nature du reportage il est peut-être bien plus dur d’échapper à une telle référence que de chercher à s’en rapprocher.

    Envoyé par Erwan, le 11.02.2008 à 10.01 h
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    3

    @ La dame : il y a effectivement bien de quoi réaliser une large étude sur ces référence visuelles.

    @ Erwan : « ...il est peut-être bien plus dur d’échapper à une telle référence que de chercher à s’en rapprocher. » Bien vu ;-)

    Envoyé par Béat, le 11.02.2008 à 11.31 h
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