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mot clé «société»

Selon le journal Le Temps, s’appuyant sur un sondage de l’institut MIS Trend, 50% des Suisses disent s’intéresser à l’art contemporain. Cela est fort réjouissant... mais on peut se permettre d’être légèrement surpris.
Où sont passés les grincheux de la droite crasse et populiste qui avaient protesté contre l’exposition de Thomas Hirschhorn au Centre culturel suisse de Poussepin (Paris) ? (lien cassé) On n’a sûrement pas sondé les braves parlementaires et sénateurs qui avaient alors obtenu en représailles de couper 1 million de francs dans le budget de la Fondation Pro Helvetia (authentique !).
Le sondage a été réalisé par internet. Bien que les auteurs du sondage s’en défendent, j’y vois tout de même une possibilité de pousser à l’optimisme. Tout le monde n’a pas internet et j’ai la vague impression que, pour des tas de raisons, cela représente déjà une sélection « qualitative »... Mais bon, ce n’est qu’une impression (et cela ne vaut pas un bon sondage sur la question ;-) Bref, si on m’avait dit que « 50% des INTERNAUTES suisses s’intéressent à l’art contemporain » je n’aurais rien eu à redire.
Dans le déroulé des questions, on présentait un choix d’oeuvres aux sondés. Ce choix ne contenait pas de travaux très polémiques avec, par exemple, des images difficiles à soutenir. Donc, un choix plutôt consensuel. Qu’on le veuille ou non, cela endort un peu l’esprit, en particulier chez des individus, qui bien qu’intéressés par la chose, ne se déclarent pas majoritairement, comme étant de grands connaisseurs en art contemporain.

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Une des oeuvres présentées aux sondés : Jeff Wall, After “Invisible Man” by Ralph Ellison, the Preface.

58% des Suisses se seraient rendus dans un Musée d’art les 12 derniers mois. Le sociologue Olivier Moeschler est sceptique. Selon une étude qu’il avait menée en 2001 sur la population de Lausanne (Suisse) ils n’étaient que 53%. Et il s’agissait de tous les musées. Pour les musées d’art, cela ne concernait plus que 33% de la population. Ces chiffres sont énormes et ne correspondent pas à ce qu’on trouve en France, par exemple, où un sondage de l’Insee signale 39% de public pour tous les types de musées. Cette disparité me paraît vraiment grande, car il ne me semble pas que nous soyons à ce point différents de nos voisins.
Ces quelques critiques mises à part, les articles des journalistes du Temps et le rapport sur le sondage sont vraiment passionnants à lire et à consulter. Les chiffres et tendances que l’on y découvre révèlent de nombreux aspects inattendus qui ne peuvent souffrir des mêmes réserves que celles que je fais ci-dessus. Car si on passe sur ce pourcentage élevé de personnes intéressées par l’art contemporain, la suite et le détail du sondage comportent des questions qui s’adressent précisément à ce groupe de personnes. Les tendances à l’intérieur du groupe sont plus objectivement mesurables.
Le sommaire de ce dossier se trouve ici (lien cassé). Le sondage est accessible au téléchargement ici (.pdf, 1,8 Mo).

Béat Brüsch, le 10 juin 2007 à 02.00 h
Rubrique: A propos d’images
Mots-clés: lire , musée , société
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Tous les médias, et un bon nombre de blogs français ont parlé de la récente photo officielle du tout nouveau Président de la République. La Boite à Images et le blog Actualités de la recherche en histoire visuelle (vous ne pourriez pas trouver un nom plus commode ?) l’ont particulièrement assaisonnée. Et je suis bien d’accord avec eux ! J’ai voulu comparer l’incomparable : comment fait-on des photos officielles du gouvernement, ici, en Suisse ?

D’abord quelques différences (pour comprendre le contexte) :
- Ici, il n’y a pas de président vénéré au pouvoir central omnipotent. Il y a un gouvernement collégial appelé Conseil Fédéral. Il est composé de 7 ministres issus de différents bords politiques, élus par l’Assemblée Fédérale (la réunion des 2 chambres). Chaque année, à tour de rôle, un des ministres devient le Président de la Confédération. À cette occasion annuelle, les « 7 sages » sont formellement réélus. Cela ne facilite évidemment pas les relations diplomatiques : on a vu souvent des hommes d’état étrangers (dont Chirac) s’emmêler les pinceaux avec les noms des Présidents de la Confédération ;-)
- Le personnel politique n’est, en Suisse, pas entouré de la même pompe q’en France. On peut croiser un Conseiller Fédéral incognito dans une pizzeria sans qu’on aperçoive un quelconque garde du corps (peut-être sont-ils discrets ?) ou n’entende hurler une sirène. Il y a quelques années, on a pu voir, à l’aéroport de Genève, une trentaine de journalistes attendre l’arrivée de je ne sais plus quel ministre français (qu’il me pardonne) alors qu’aucun journaliste ne s’était aperçu que notre ministre des finances attendait de prendre un avion, tout seul dans la file avec les autres passagers.
- La Suisse n’a pas de tradition monarchique.
- ...et bien d’autres choses encore qui n’ont pas leur place dans ce modeste billet.
En Suisse, la photo officielle du gouvernement change chaque année. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que depuis une dizaine d’années on cherche parfois à être original en tentant, avec plus ou moins de bonheur, de se distancer d’une certaine rigidité officielle. On ne nous dit pas qui élabore, chaque année, le « concept » de la photo. Mais à bien les regarder, on peut clairement y sentir « la patte » (la personnalité, le style, les valeurs) du président du moment.

Florilège subjectif des tendances récentes...

(l’intégralité de ce qui est disponible est à voir ici, dans les archives du Conseil Fédéral) :

2001

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Président : Moritz Leuenberger, socialiste, chef du Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication.

D’emblée on est frappé par le côté « design-contemporain-strict-et-branché ». En rupture totale avec ce qu’on peut attendre d’une photo du gouvernement, je la trouve pourtant très réaliste et même égalitaire dans son dénuement. La dominante de noirs fait bien ressortir les visages. J’aime assez, mais je comprends que cela ne puisse pas plaire à tous ceux qui considèrent encore et toujours que le noir exprime la tristesse.

2005

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Président : Samuel Schmid, Union démocratique du Centre, chef du Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports.

Ici, il faut expliquer ce que sont ces caissons blancs. Il s’agit d’un fleuron du design contemporain suisse : USM. Ces meubles modulaires sont combinables à l’infini, très solides, assez chers et d’une beauté simple et formelle qui leur permet de cohabiter avec bien des styles contemporains. Ils sont très prisés pour l’aménagement de locaux de bureau et de réception dans les professions libérales et surtout de l’administration. C’est donc en tant que mobilier symbolique de l’administration qu’il faut voir ces piédestaux. Par ailleurs, le traitement en bichromie est un astucieux moyen d’« égaliser » les personnages, en gommant certaines disparités de couleurs de peau, qui sont comme on le sait, souvent difficiles à maîtriser en photo couleurs.

2006

Président : Moritz Leuenberger, socialiste, chef du Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication.

La croix suisse est un symbole graphique fort, qui a été utilisé à tort et à travers. Alors là... ouais, bof, pourquoi pas. Il y a 2 variantes de cette photo (à voir en passant la souris sur l’image) car cette année-là, un Conseiller s’est retiré et a été remplacé par une Conseillère. Remarquez en passant que pour la 2e photo, 2 femmes sur 3 ont opté pour la jupe.

2007

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Présidente : Micheline Calmy-Rey, socialiste, cheffe du Département fédéral des affaires étrangères.

Très dynamique, ce gouvernement en marche. De plus, c’est une façon futée d’éviter les poses, toujours un peu crispées. Avec un bon slogan, on en ferait presque une affiche électorale ! J’aime beaucoup ce cadrage dans lequel on « dévoile » l’astuce du panneau blanc de la prise de vue. Le panneau fait, évidemment, bien ressortir les personnages. Et derrière et au sol, on aperçoit le décorum du Palais Fédéral, qu’on a voulu évoquer comme pour montrer que derrière la modernité, il y a toute la tradition. (Bon, je viens de la voir dans un journal, recadrée/resserrée sur le blanc. Z’ont rien compris, au service image !) Moi je trouve que cette photo a la pêche (la photo, hein... pour le gouvernement, je suis plus réservé).

Sur le site du Conseil Fédéral, vous verrez les photos depuis 1993, ainsi que les pages perso des Conseillers Fédéraux. Je n’ai pas trouvé les noms des photographes, auteurs de ces photos, sauf pour la dernière (2007) qui est de Julie de Tribolet.
Remarque : les plus perspicaces auront compté huit personnes sur chaque photo. La 8me est la Chancelière de la Confédération.

Béat Brüsch, le 24 mai 2007 à 18.15 h
Rubrique: A propos d’images
Mots-clés: peoples , société
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Lendemain d’élections : gueule de bois pour la moitié des Français... champagne pour les autres ! (Mais gaffe, ça donne aussi mal à la tête !) moutonsPour s’en remettre, voici, découvert dans La Boîte à Images, un photographe qui nous plonge dans une France insouciante, pleine d’humour et de tendresse. Celle des ruelles fréquentées par Prévert ou Doisneau. René Maltête est né en Bretagne en 1930. Il commence à prendre des photos dès l’âge de 16 ans et se retrouve, en 1952, assistant-metteur-en-scène-stagiaire de Jacques Tati (tiens, tiens...!) et de Claude Barma. Les temps sont durs, il doit pratiquer plusieurs petits métiers pour subsister. En 1960, il réussit à faire publier son livre « Paris des rues et des chansons », muni de textes de Prévert, Vian, Brassens, Trenet, Mac Orlan. D’autres livres suivront, voir liste ici. Ses images sont remarquées et publiées par la grande presse internationale. Mais jamais René Maltête ne sera envoyé en reportage par un journal, préférant voyager en toute indépendance. Tant mieux pour nous ! Son fils Robin maintient un site où vousregarderez un superbe diaporama de 60 photos. Une bienfaisante cure de bonheur en ces temps qui s’annoncent difficiles.

Béat Brüsch, le 7 mai 2007 à 18.18 h
Rubrique: Regarder en ligne
Mots-clés: photographe , société
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Les visiteurs français de ce blog sont 2 fois plus nombreux que les Romands (les Suisses francophones). Voici donc, spécialement expliqué aux Français, le phénomène qui a agité notre paysage médiatique ces derniers jours (les Suisses ont le droit de lire aussi, mais ils sont peut-être déjà au courant).
Le peuple helvète est appelé aux urnes le 17 juin prochain, pour décider s’il accepte la 5e révision de l’AI (pour faire simple : une espèce de Sécu qui verse des rentes aux invalides) proposée par le gouvernement, ou s’il préfère le référendum qui a été lancé contre cette révision. Ce dernier est soutenu, entre autres, par l’USS (Union Syndicale Suisse). En gros (mais vraiment très gros, car cela n’est pas le sujet de ce billet), cette révision rendra l’obtention d’une rente d’invalidité plus difficile qu’avant.
Les syndicats, c’est bien connu, ne disposent pas de moyens astronomiques pour réaliser de grandes campagnes de presse. C’est pourquoi ils ont usé d’un vieux stratagème qui a très bien fonctionné. Cela leur a permis d’économiser des centaines de milliers de francs (1 Fr = environ 0,6 Euro) en frais d’espaces publicitaires.
Pour sa campagne en faveur du référendum, l’USS a édité une série de cartes postales comprenant des images-chocs. Elles représentent principalement des conseillers fédéraux (ministres [1]) transformés en invalides par les miracles de la retouche. Les trois ministres choisis, ainsi qu’un autre politicien, sont tous de droite ou d’extrême droite et sont précisément ceux qui ont « trempé » dans cette 5e révision.
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Tollé. Crime de lèse-majesté. Tous les grands journaux nationaux et régionaux, ainsi que la télévision se sont emparés des images scandaleuses de nos conseillers fédéraux mutilés et les ont reproduites. Dame, il faut bien documenter le lecteur ! Seule la radio, pour des raisons évidentes, n’a pas pu les montrer. Du coup, ces cartes postales, savamment envoyées aux grands journaux dominicaux qui en ont fait leur scoop, ont été vues bien plus que si elles avaient fait l’objet d’un plan-média. Et de surcroit dans les parties rédactionnelles !
A-t-on le droit de manipuler pareillement les images des conseillers fédéraux ? Est-il permis de travestir le statut des handicapés pour défendre des idées politiques ? Telles sont, très résumées, les questions qui se posaient dans les médias, dans les micros-trottoirs et au café du commerce. Ma réponse est simple : oui, puisque ça marche ! Tant que les médias continueront à flatter le voyeurisme du lecteur, ces opérations de com resteront profitables. Le scandale fait vendre. Et du coup, il permet aux protagonistes désargentés, mais culottés, de s’offrir un coup de pub sans bourse délier. Le vrai problème est que cette instrumentalisation de la presse risque de remplacer le débat de fond en le transférant sur le terrain émotif. Mais il faut dire aussi que ce risque est déjà présent dans toutes les opérations de com.
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Dans le détail, pour les diverses questions d’éthique qui peuvent se poser, voici quelques éléments de réponses :
- Les politiciens sont des personnages volontairement publics et à ce titre ils s’exposent à être caricaturés. Cela est d’ailleurs souvent considéré comme un signe de notoriété bienvenu.
- À ceux qui -immanquablement- fustigent le principe de la retouche de photos, je répondrais que nous sommes ici dans un cas typique où la retouche ne cherche pas à se dissimuler. Au contraire, en se montrant de façon si évidente, la retouche fait partie de la démarche métaphorique.
- M. Pascal Couchepin disait dans une interview à la Radio Romande « ... qu’il était attristé de l’image que l’on donne ainsi des handicapés » (je cite de mémoire). Il faudrait savoir si les handicapés sont des personnes comme les autres, ayant droit de cité, ou si on doit les cacher à la vue de leurs concitoyens ? Accessoirement, il faudrait également nous dire comment on peut représenter un handicapé par l’image...
- Je trouve que les textes accompagnant les diverses photos sont particulièrement pertinents. Pour qui est « un peu lent à la détente », ils expliquent et justifient pleinement l’utilisation de telles images.
Le site de l’USS se trouve ici. Pour en savoir plus sur ce référendum, rendez-vous ici. Vous pouvez télécharger les cartes postales imprimables (7 sujets) directement ici : pdf, 2.9 Mo.

Notes:

[1] Je reprends un petit texte déjà publié ici :
Pour nos amis français qui, pour la plupart, ne connaissent pas les institutions politiques suisses, disons que le Conseil Fédéral est le gouvernement de la Suisse. Il est composé de 7 ministres issus de différents bords politiques, élus par l’assemblée fédérale (la réunion des 2 chambres). Chaque année, à tour de rôle, un des ministres devient le président de la Confédération (cela nous évite de mettre le pays sens dessus dessous à chaque quinquennat !).


Addenda du 3.05.2007:

Selon le journal télévisé de la Télévision Romande de 19.30h de ce jour : « Vanessa Grand a été choquée de voir son corps utilisé sur un photomontage, où sa tête a été remplacée par celle de Hans-Rudolf Merz. Bien qu’également opposée à la révision, elle déplore surtout le fait que personne ne lui a demandé l’autorisation d’utiliser sa photo. » Après l’interview de Vanessa Grand, une porte-parole de l’USS, a exprimé ses plus plates excuses. Cela est évidemment extrêmement fâcheux. Comment ? À travers quels cheminements ? Sous quelles conditions juridiques, cette photo est-elle arrivée chez le retoucheur ? L’histoire ne le dit pas. Mais j’espère que nous le saurons... Ce qui est sûr, c’est que quelqu’un dans la chaîne de responsabilités a agi avec la légèreté d’un amateur, jetant du coup, le discrédit sur une campagne qui jouait déjà un peu avec le feu. Je remarquais dans un article sur le droit que l’on ne déplorait pas encore de cas de droit à l’image en Suisse... eh bien en voici un !

Béat Brüsch, le 3 mai 2007 à 16.45 h
Rubrique: A propos d’images
Mots-clés: droit , photomontage , publicité , société , éthique
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Les images d’Isabelle Hayeur nous montrent des paysages profondément perturbés par l’homme. Zones d’aménagement provisoires, territoires incertains que nous voyons quelques fois à la périphérie des villes et dont peu se soucient. On serait tenté de dire « no man’s land », mais ce serait une contre-vérité, car l’empreinte de l’homme y est criante. Loin des paysages idylliques de cartes postales, on ne sait pas toujours si ces lieux désenchantés sont le fruit d’une volonté délibérée, s’ils sont en attente d’autre chose, ou s’ils résultent d’une suite de défaillances et d’incuries. Souvent, on se prend à espérer que la nature finisse par recouvrir et effacer ces abandons. Mais le pourrait-elle ? Pour bien marquer son propos, Isabelle Hayeur réalise la plupart de ses images en photomontage. J’entends déjà les cris des puristes et des naïfs : « Mais c’est du trucage ! » Eh oui, c’est tout truqué ;-) Et alors ? Le fait est ouvertement affiché par l’auteure. Cela fait même partie intégrante de sa démarche. On peut même se demander, avec un peu de malice si Isabelle Hayeur avec ses collages, ne se prend pas, elle aussi, pour un de ces architectes de l’abdication et du je-m’en-foutisme ? Plus sérieusement, elle se trouve à l’exact opposé, car elle, elle sait ce qu’elle fait. Quand elle rend un endroit plus glauque qu’il n’est ou qu’au contraire elle y introduit un clin d’oeil bucolique, c’est pour mieux nous faire voir ce que nous ne voyons plus. Et là au moins, ça ne fait pas plus de dégâts qu’une image !

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Dans « Maisons modèles » nous voyons des maisons témoins, conçues comme des décors posés dans des paysages acculturés et servant d’abri à des vies dédiées au paraître et à la consommation.
© Isabelle Hayeur - clic pour voir + grand sur son site
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Dans « Excavations » nous assistons à la première étape de la transformation d’un paysage appelé à disparaître par nivellement. Certaines juxtapositions d’éléments à des échelles différentes créent des instabilités visuelles troublantes en bouleversant les hiérarchies.
© Isabelle Hayeur - clic pour voir + grand sur son site

Isabelle Hayeur déclare à propos de son travail : « À l’instar du cinéaste Robert Bresson qui considérait que « Le réel brut ne donnera pas a lui seul du vrai » j’appréhende le monde en le recomposant pour en rapporter des images qui le saisiront dans toute sa complexité. La mise en relation de lieux, d’événements et de temporalités aux provenances diverses crée des rapprochements (géographiques et sémantiques.) Elle permet aussi de condenser les territoires pour rendre visible des étendues beaucoup trop vastes pour être contenues sous l’objectif. C’est une façon de faire entrer le hors champ à l’intérieur de l’image. » (Texte en entier sur son site, ici.) Le site internet d’Isabelle Hayeur présente différents aspects de son travail et notamment des galeries de photo bien fournies. Chaque série d’images y est accompagnée d’un commentaire de l’auteure qui nous éclaire sur le sens de ses recherches.
Ce travail n’est pas sans me rappeler celui de Nicolas Faure, photographe suisse dont j’ai aimé une exposition au musée de l’Élysée en 2006. Le thème en était les « jardins » qui se développent sur les bas côtés des autoroutes. Mais le travail de Faure est différent : il se veut surtout documentaire. Ses images sont réalisées au moyen d’une chambre grand format (donc en argentique). Malheureusement, je n’ai pas pu trouver la moindre petite image de cet auteur sur internet !

Béat Brüsch, le 13 mars 2007 à 23.15 h
Rubrique: Regarder en ligne
Mots-clés: architecture , photomontage , société
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