Mots d'images

Les grands classiques

Pendant l’été, je vous propose de revoir quelques photos mythiques. De celles que nous croyons tous connaitre et que nous ne regardons plus vraiment, tellement nous les avons vues. Petite révision : voici la première...


Portrait de la jeune Afghane
Portrait de la jeune Afghane

© Steve McCurry

En 1984, dans un camp de réfugiés, Steve McCurry réalise le « portrait de la jeune Afghane », dont les parents ont été tués dans un bombardement. Après sa parution en couverture du National Geographic, cette image est devenue une sorte d’icône évoquant tous les enfants victimes de la guerre. En 2002, de retour en Afghanistan, il la retrouve miraculeusement ! Le portrait de Sharbat Gula (c’est son nom), qui est maintenant mère de famille nombreuse, fait à nouveau la couverture du National Geographic. (passer la souris sur la photo pour voir)
Steeve McCurry a couvert de nombreux conflits dans le monde. Là comme ailleurs, ce sont toujours les gens qui l’intéressent. Les portraits qu’il réalise sont souvent d’une beauté foudroyante. Il s’en dégage une profonde humanité. Son sens et sa maitrise de la couleur est une autre de ses grandes qualités. Il est un des photographes les plus représentatifs de la tradition du reportage documentaire. Beaucoup de ses photos sont devenues de grands classiques. Ce n’est pas une raison pour s’en priver. Et la visite de son site est obligatoire ! Il faut regarder toutes les galeries, car on ne saurait en privilégier certaines, tant leur beauté est... (comment je disais ?)... foudroyante (je ne trouve pas mieux).
Steve McCurry est né en 1950 à Philadelphie et vit à New York (quand il n’est pas sur les routes de l’Inde, du Pakistan, de l’Afghanistan, du Sri Lanka, du Tibet, de Thaïlande, du Cambodge ou de Birmanie). Il est membre de l’agence Magnum.

Béat Brüsch, le 6 juillet 2007 à 16.29 h
Rubrique: Les grands classiques
Mots-clés: photographe
Commentaires: 2

Avez-vous déjà signé la pétition pour le maintien de l’émission Arrêt sur images ? Au moment où j’écris, il y a déjà près de 36’000 signatures (en 3 jours !).
Extraits d’un billet de Daniel Schneidermann :
« ... Après douze saisons, l’émission « Arrêt sur Images » de Daniel Schneidermann ne sera pas reconduite la saison prochaine, apprend-on de source officieuse.
... Il faut que vous sachiez que c’est ainsi que les courageux dirigeants de France 5 en ont fini avec la plus ancienne émission de la chaine : sans un mot face à face, sans une convocation, sans l’ombre d’une raison donnée.
... L’important n’est pas que Carolis et ses hommes décident, sans l’ombre d’une explication, de tuer Arrêt sur images. L’argument de l’ancienneté n’est pas un argument, ni dans un sens ni dans l’autre. L’important, c’est qu’ils ne sont pas effleurés par l’idée que cette émission remplissait une mission indispensable de service public. L’important, c’est qu’ils renoncent impunément, sans un soupir, à cette mission : critiquer à la télévision, avec les armes de la télévision, le pouvoir des images... »

Vous trouverez bien d’autres billets à ce sujet sur le Big Bang Blog et aussi dans toute la blogosphère francophone. La pétition est à signer ici.


Addenda du 14.07.2008:

Daniel Schneidermann ayant tenu « tenu des propos inadmissibles » sur son blog a reçu sa lettre de licenciement samedi.
Le dimanche 1er juillet, 147’757 personnes avaient signé la pétition pour le maintien de l’émission.
« ...Tous (NDLR : les dirigeants de la chaine) savaient que cette décision ne leur vaudrait pas d’ennuis avec leur nouvel actionnaire, celui du 6 mai et du 17 juin. Peut-être même, allez savoir, ont-ils cru devancer ses désirs... » La suite sur le Big Bang Blog...

Béat Brüsch, le 22 juin 2007 à 13.40 h
Rubrique: A propos d’images
Mots-clés: médias
Commentaires: 0

Selon le journal Le Temps, s’appuyant sur un sondage de l’institut MIS Trend, 50% des Suisses disent s’intéresser à l’art contemporain. Cela est fort réjouissant... mais on peut se permettre d’être légèrement surpris.
Où sont passés les grincheux de la droite crasse et populiste qui avaient protesté contre l’exposition de Thomas Hirschhorn au Centre culturel suisse de Poussepin (Paris) ? (lien cassé) On n’a sûrement pas sondé les braves parlementaires et sénateurs qui avaient alors obtenu en représailles de couper 1 million de francs dans le budget de la Fondation Pro Helvetia (authentique !).
Le sondage a été réalisé par internet. Bien que les auteurs du sondage s’en défendent, j’y vois tout de même une possibilité de pousser à l’optimisme. Tout le monde n’a pas internet et j’ai la vague impression que, pour des tas de raisons, cela représente déjà une sélection « qualitative »... Mais bon, ce n’est qu’une impression (et cela ne vaut pas un bon sondage sur la question ;-) Bref, si on m’avait dit que « 50% des INTERNAUTES suisses s’intéressent à l’art contemporain » je n’aurais rien eu à redire.
Dans le déroulé des questions, on présentait un choix d’oeuvres aux sondés. Ce choix ne contenait pas de travaux très polémiques avec, par exemple, des images difficiles à soutenir. Donc, un choix plutôt consensuel. Qu’on le veuille ou non, cela endort un peu l’esprit, en particulier chez des individus, qui bien qu’intéressés par la chose, ne se déclarent pas majoritairement, comme étant de grands connaisseurs en art contemporain.

JPEG - 116.1 ko
Une des oeuvres présentées aux sondés : Jeff Wall, After “Invisible Man” by Ralph Ellison, the Preface.

58% des Suisses se seraient rendus dans un Musée d’art les 12 derniers mois. Le sociologue Olivier Moeschler est sceptique. Selon une étude qu’il avait menée en 2001 sur la population de Lausanne (Suisse) ils n’étaient que 53%. Et il s’agissait de tous les musées. Pour les musées d’art, cela ne concernait plus que 33% de la population. Ces chiffres sont énormes et ne correspondent pas à ce qu’on trouve en France, par exemple, où un sondage de l’Insee signale 39% de public pour tous les types de musées. Cette disparité me paraît vraiment grande, car il ne me semble pas que nous soyons à ce point différents de nos voisins.
Ces quelques critiques mises à part, les articles des journalistes du Temps et le rapport sur le sondage sont vraiment passionnants à lire et à consulter. Les chiffres et tendances que l’on y découvre révèlent de nombreux aspects inattendus qui ne peuvent souffrir des mêmes réserves que celles que je fais ci-dessus. Car si on passe sur ce pourcentage élevé de personnes intéressées par l’art contemporain, la suite et le détail du sondage comportent des questions qui s’adressent précisément à ce groupe de personnes. Les tendances à l’intérieur du groupe sont plus objectivement mesurables.
Le sommaire de ce dossier se trouve ici (lien cassé). Le sondage est accessible au téléchargement ici (.pdf, 1,8 Mo).

Béat Brüsch, le 10 juin 2007 à 02.00 h
Rubrique: A propos d’images
Mots-clés: lire , musée , société
Commentaires: 0

voco colteneIl ne fait pas toujours bon se servir auprès des agences en « royalty free ». Ces flyers ont été publiés tous les deux au printemps 2005. L’ennui, c’est que tous deux s’adressent au même public : les dentistes. Et ils sont publiés par deux boîtes concurrentes. Le comble : le titre est le même sur les deux flyers (Frühjahrsangebote). Quelle imagination ! Quand on pense aux milliards de photos qu’on peut trouver sur internet...
Cliquer ici et ici pour agrandir les images.
(Les plus perspicaces auront remarqué que les images paraissent différentes. En fait, il s’agit bien de la même photo, mais l’une a été inversée gauche/droite, pivotée de 90° et contrastée.)

Béat Brüsch, le 7 juin 2007 à 22.00 h
Rubrique: Les nouvelles images
Mots-clés: banque d’image , publicité
Commentaires: 1

Le monde de la photo n’a pas fini de se faire bousculer... On parle beaucoup des photoamateurs et de la place grandissante qu’ils prennent. Le sujet est à la mode et bien des manifestations sont consacrées aux questions que cela suscite.
• Le Musée de l’Élysée (Lausanne, Suisse) vient de consacrer une grande exposition à ce sujet. Dans le blog ouvert à cette occasion, vous pourrez suivre pas mal de débats sur le sujet (malheureusement souvent en anglais).
• Je vous parlais, dans mon dernier billet du colloque « Faut-il avoir peur des photographes amateurs ? », organisé par l’Observatoire de l’Image, qui s’est tenu à Paris le 5 avril dernier. Un bon compte rendu est lisible dans le magazine Images (no 22, mai-juin - toujours en vente en ce moment). Et on attend toujours la publication du pdf de ce colloque... En 2 mots, on y présente le point de vue des agences de photos, qui sont, elles aussi, remises en question par le nouveau modèle économique des agences « low cost ».
Dans le journal The Guardian, Andrew Brown nous dit (en anglais) que « ... les amateurs volent le pain de la bouche des photographes professionnels... »

J’ai participé la semaine passée à des débats très prenants, au sujet des rapports entre professionnels et amateurs, sur le blog Macandphoto de J-F Vibert. De vrais débats avec des exagérations, des approximations, des vérités et des contre-vérités. Des débats passionnés, car certains des acteurs vivent douloureusement ces réalités dans leur quotidien. Cela commence doucement ici. Le débat suivant, plus long et plus révélateur, est à lire ici. Il est à noter qu’aucun de ces débats n’avait le sujet des amateurs comme point de départ, mais que très vite on y vient, car il semble bien que le problème soit maintenant « à fleur de peau ».

A la lecture des griefs retenus contre les amateurs, on peut se demander si leur arrivée est la vraie (et la seule) cause des grands chambardements qui agitent le monde de la photo ? Ou si les amateurs ne sont que de pratiques boucs émissaires, cachant d’autres enjeux plus vastes ? Pour moi, tout cela doit s’inscrire dans une large perspective, qui prend en compte les profondes modifications structurelles qui agitent le monde. Toutes les professions ont été, sont, ou vont être touchées. Vous êtes-vous indignés de la disparition du petit commerce et de celle des commerces spécialisés, en général remplacés par des points de vente de grandes chaînes qui vendent le même choix (réduit) d’articles dans le monde entier ? Aujourd’hui, c’est aux photographes de subir les lois de ce marché, qui n’a que faire des particularismes et des productions de qualité, du moment que ça ne rapporte pas de dividendes.

Certains photographes professionnels fustigent les amateurs qui arrondissent leurs fins de mois en « volant le travail des amateurs ». Il faut préciser que les amateurs qui mettent en ligne leurs photos dans des agences « low cost » sont quand même minoritaires. (A moins d’y placer de grandes quantités d’images, celles-ci ne rapportent d’ailleurs que des clopinettes !). Ces nouvelles pratiques ont bien plus à voir avec le vaste mouvement « collaboratif » que l’on désigne couramment sous le vocable de « Web 2.0 ». L’engouement pour des sites comme Flickr est dû à la facilité offerte de pouvoir y partager ses images. La plupart des amateurs ne cherchent rien d’autre qu’un peu de reconnaissance et mettent en ligne leurs photos en libre accès, avec divers types de contrats Creative Commons. Il est donc faux de croire que cela rapporte systématiquement de l’argent aux amateurs. La grande majorité des photos qui circulent sur internet n’existerait tout simplement pas sans l’activité des amateurs. À de rares exceptions près, ces photos ne seraient jamais commandées à des pros ou produites par eux. Et elles sont réutilisées par d’autres parce qu’elles existent. Si elles n’existaient pas, on n’y penserait tout simplement pas. Elles ne peuvent donc pas concerner le marché de la photo professionnelle.

Je ne nie pas que les agences « low cost » puissent faire du tord à la profession. Mais quand c’est la profession elle-même qui les fournit avec ses seconds choix et autres invendus, elle devrait commencer par faire le ménage chez elle ! Qui nous dira quelle est la proportion de photos d’amateurs et de professionnels dans ces agences ? J’estime pour ma part, que matériellement, les amateurs ne disposent pas d’assez de temps pour réaliser autant de photos « présentables » que les professionnels.

Le « travail » des amateurs a une action bien plus subtile et plus dévastatrice sur le marché de la photo professionnelle. Le matériel de prise de vues d’aujourd’hui permet de réaliser très facilement des images à peu près bonnes (du point de vue technique). Le grand public réussit enfin à produire instantanément des images « ressemblantes ». Car il ne faut pas se leurrer, c’est ce qui demeure le critère principal pour tous ceux qui découvrent « la magie du numérique ». (Bien sûr, quelques-uns évoluent vers des images de qualité et deviennent des photoamateurs capables de belles réussites...) Mais, ce foisonnement d’images faciles à obtenir tend à occulter les notions techniques qu’il y a derrière une photo. On a l’impression que « ça se fait tout seul ». (Et je ne parle même pas d’autres critères, tels que le « regard » du photographe, les questions d’éthique ou les notions artistiques.) Du coup, on ne comprend plus qu’on ait besoin d’un professionnel pour faire « la même chose ». La valeur intrinsèque des images tend à diminuer, entraînant la baisse de leur valeur commerciale.

Un autre phénomène intervient dans la baisse du prix des photos : c’est le principe des images libres de droits (royalty free) qui a été popularisé par les agences, déjà bien avant la génération actuelle des « low cost » ». (Contrairement à ce qu’on pourrait croire, ces images ne sont pas gratuites, mais elles sont vendues à prix fixe pour être utilisées à volonté, mais sans exclusivité.) Par rapport au système traditionnel des droits d’auteur, cela fait évidemment un gros changement. Mais si l’on considère que bon nombre des images déposées dans les agences « low cost » par des pros, sont des prises surnuméraires d’un travail qui a déjà été rémunéré, cela n’est déjà pas si mal !

Comment s’en sortir ? Je n’ai pas de conseils à donner. (Si j’en avais, je serais consultant à 1000 euros de l’heure ;-) Je peux juste émettre le modeste avis d’un graphiste, dont la profession a été profondément chamboulée par l’informatique bien avant celle des photographes. Résistez ! Montrez votre différence avec les amateurs ! Soyez plus pros que jamais ! Connaissez vos logiciels à fond, car avec votre « background » professionnel, vous en tirerez bien plus que les amateurs. N’essayez pas de concurrencer les amateurs sur leur terrain, mais collez-vous à des travaux hors d’atteinte pour eux.

Il est bien clair qu’il conviendrait de différencier les diverses pratiques photographiques : un photo-journaliste d’actualités n’est pas soumis aux mêmes conditions que tel autre, très spécialisé, comptant sur son stock d’images.


Sources diverses (en plus de celles données dans le texte) :
• Internetactu, toujours à l’affut des enjeux et perspectives des nouvelles technologies, a publié, il y a juste une année, un très intéressant article (et commentaires) sur le crowdsourcing. Cette nouvelle façon de répartir le travail chez des particuliers, à la barbe des professionnels ne lasse pas d’inquiéter. A lire pour sentir le vent tourner...
• Christian Caujolle : Mort et résurrection du photojournalisme, article paru dans le Monde Diplomatique en mars 2005.
Article d’InternetActu (juin 06) consacré au phénomène FlickR : « C’est sur FlickR, ce formidable service de partage et d’échange de photos en ligne... »
Article d’InternetActu dans la suite du précédent avec une interview d’André Gunthert. Extrait : « Question d’InternetActu.net : Comment cet outil (NDLR : FlickR) est-il perçu dans la communauté des photographes ? » Réponse d’André Gunthert : « Il n’est pas perçu : il n’existe pas ! Pourquoi ? Les usagers de FLickR sont des amateurs. C’est une vieille histoire dans l’histoire de la photographie. Il n’y a pas de communication entre les univers des professionnels et des amateurs : ce sont deux univers cloisonnés qui n’utilisent pas les mêmes outils, ni les mêmes références. Or FlickR met à la disposition des usagers de base des outils qui étaient réservés il y a cinq ans encore à l’élite des agences professionnelles : ceux qui permettent de diffuser immédiatement une image dans le monde entier par exemple. Avec FlickR, tout le monde a désormais à sa disponibilité une agence internationale, qui fonctionne, comme l’ont montré les attentats de Londres, les émeutes en France… Pour autant, je pense que ce n’est pas cela du tout le but principal de FlickR. »
• Wickipedia : le modèle économique des agences « low cost », en particulier celui de Fotolia.
Je parlais ici, des nouvelles banques d’images... (et de ce qui est arrivé à ma profession).

Béat Brüsch, le 4 juin 2007 à 18.15 h
Rubrique: Les nouvelles images
Mots-clés: FlickR , amateur , banque d’image , professionnel
Commentaires: 3
... | 120 | 125 | 130 | 135 | 140 | 145 | 150 | 155 | 160 |...