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Images mensongères

Matthias Wähner a trouvé une manière originale et forte de questionner ses contemporains sur l’intégrité des images. Il s’est introduit par effraction - et par la magie de la retouche - dans des images d’actualités très connues. On a pu voir sa personne aux côtés de Kennedy, des Beatles, de Willy Brandt ou de la famille royale d’Angleterre. Dans l’Allemagne de 1994, cette démarche fut très remarquée. Depuis les années 70, le pays a été agité par divers remous politiques et sociaux : Fraction armée rouge, mouvement autonome, mouvements des squatters, mouvement antinucléaire, mouvements pacifistes ou anti-impérialistes, Verts élus au parlement. Avec la chute du mur de Berlin (1989), de nombreuses certitudes s’effondrent. La démarche artistique de Matthias Wähner s’inscrit dans cette continuité en ébranlant d’autres certitudes. Il utilise des images qui, à leur époque, ont un statut d’icônes, pour mettre le doigt sur des croyances angéliques et un manque de recul critique face à l’information. Le voici...

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... à côté du chancelier Willy Brandt
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... avec le cosmonaute Neil Armstrong
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... avec les Beatles
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... à la mort du Che
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... avec la famille royale d’Angleterre
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... avec Brigitte Bardot

Cette démarche est-elle toujours actuelle ? Les images sont aujourd’hui bien plus nombreuses et circulent beaucoup plus dans des réseaux plus ouverts. L’intérêt pour certains de contrôler l’information et/ou les images n’a sûrement pas diminué ! La facilité liée aux outils informatiques reste bien sûr un élément décisif. Le public le sait et il est dans l’ensemble mieux averti grâce à certaines affaires éclatant çà et là. Mais il ne remet pas toujours en cause sa grande crédulité en l’authenticité de ce qu’il voit ou croit voir dans les images.
Il semble donc que ce dispositif soit toujours d’actualité. Cette façon de mettre subrepticement sous le nez du spectateur une sorte de piège visuel qui, souvent, se « dénonce » de lui-même dès la seconde lecture est un moyen didactique puissant pour éveiller la vigilance. Une mise à jour avec des images récentes en tenant compte des nouvelles données qui régissent la diffusion des images serait peut-être souhaitable. (Ah si j’avais du temps, cela me donnerait des idées... ) Mais cela se fait déjà couramment, sans que cela soit revendiqué en tant que démarche artistique, ainsi que je vous le montrerai dans mon prochain billet...
Matthias Wähner a baptisé son cycle L’homme sans qualités, faisant référence au roman éponyme de Robert Musil. L’exposition, constituée de 40 images, a été présentée dans de nombreux endroits autour du monde. Le livre/catalogue est toujours disponible au Fotomuseum de Munich. Quelques images figurent en bonne place dans l’exposition Images mensongères à Berne dont je vous parlais récemment.
Matthias Wähner est né en 1953. Il utilise couramment la photo, mais aussi la vidéo et des installations diverses. Il évoque ses principaux travaux sur son site internet. Il vit à Munich où il enseigne à l’Akademie der Bildenden Künste.
Photos publiées avec l’aimable autorisation de l’auteur.

Béat Brüsch, le 9 décembre 2007 à 15.40 h
Rubrique: A propos d’images
Mots-clés: manipulation , photomontage , société
Commentaires: 2

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La Voie Lactée, au-dessus de la Pointe de Trévignon (Bretagne)
© Laurent Laveder

Impressionnante image découverte ce matin sur EPOD (Earth Science Picture of the Day), le site qui affiche chaque jour (ou presque) une photo du domaine des sciences de la terre (ou du ciel !). Laurent Laveder, l’auteur de la photo n’est pas un débutant. Pour vous en convaincre, allez voir son site qui regorge de photos de l’atmosphère. Rien de ce qui se passe dans son ciel breton ne lui échappe. Que ce soit une simple trainée laissée par un avion, un phénomène météorologique rare ou un évènement astronomique, tout est prétexte à émerveillement. Je vous renvoie à un précédent billet, au sujet du site APOD (Astronomy Picture of the Day), dans lequel Laurent Laveder est également impliqué.
NB : oui, j’ai modifié le titre de ce billet après coup :-)

Béat Brüsch, le 7 décembre 2007 à 12.20 h
Rubrique: Regarder en ligne
Mots-clés: documentaire , science
Commentaires: 2
(mais après on arrête !)

Beaucoup de Genevois ont été choqués par la campagne d’affichage de l’UDC mettant en scène des moutons blancs boutant un mouton noir hors de Suisse. Les autorités politiques de la ville, au lieu d’interdire et de censurer, ont eu la belle idée de promouvoir un concours d’affiches exprimant un point de vue beaucoup plus convivial. Les 2 lauréats sont l’illustratrice Albertine (voir son beau site ici) et le bédéiste Wazem (pas de site trouvé à son sujet). Le résultat est à voir sur les murs de Genève en ce moment et sur le site officiel de la ville de Genève, où vous pourrez même télécharger des .pdf de bonne dimension.

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L’affiche d’Albertine
© Albertine
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... et un détail
© Albertine
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L’affiche de Wazem
© Wasem

Toute la beauté de ce geste ne nous fera pas oublier que tout le monde - et en particulier les politiques, toutes tendances confondues - court toujours derrière l’UDC et ne fait que réagir aux provocations nauséabondes de ce parti. Comme le relève un de ses représentants, cité par Le Courrier : « Il est toujours agréable de se faire plagier, cela signifie que nous avions touché juste ». Cela m’écorche les doigts (ou ce que vous voudrez !) de l’écrire, mais je crains qu’il ait raison.

Béat Brüsch, le 5 décembre 2007 à 16.35 h
Rubrique: A propos d’images
Mots-clés: affiche , société
Commentaires: 2

La Suisse est un pays pragmatique, efficace et moderne. Dans la plupart des pays d’Europe, les gouvernements tentent de mettre en place, tant bien que mal, des mesures dites dissuasives pour freiner l’immigration. En Suisse aussi, mais on a trouvé le fin du fin : on communique. Mardi dernier, lors du match de foot Suisse-Nigeria, les téléspectateurs nigérians ont pu voir, pendant la mi-temps, un spot publicitaire leur montrant ce que leur réserverait une émigration illégale en Suisse : misère et clochardisation.
C’est le Sonntagsblick, version dominicale du Blick, feuille populiste bien connue ici, qui sort l’affaire et met le spot TV en ligne sur son site (doublé en français). La campagne, appuyée par des flyers, est financée par l’ODM (Office Fédéral des Migrations) et concerne pour l’instant le Nigeria et le Cameroun. L’ODM dépend du Département fédéral de justice et police, qui est dirigé par le tristement célèbre berger des moutons blancs (je ne cite pas son nom, car je trouve que l’on a déjà fait assez de buzz à son sujet [1] ). Dans l’article, le directeur de l’ODM explique les différentes raisons qui justifient cette campagne, dont une qui vaut son pesant de laine vierge : il veut mettre en garde ces milliers d’immigrants des risques de noyade en Méditerranée (trad. résumée). Le Sonntagsblick aime décidément remuer le caca : en marge de la page internet, il propose aussi un minisondage : Question de la semaine - La Confédération doit-elle épouvanter les Africains ? Oui / Non. À lire l’orientation générale des commentaires des lecteurs de la page, on peut connaître l’issue du « sondage »...
Aux dernières nouvelles, il semblerait que l’Union Européenne s’active à un projet similaire. J’en connais qui doivent se réjouir !

Notes:

[1] MàJ : depuis, il a été « démissionné »

Béat Brüsch, le 28 novembre 2007 à 16.10 h
Rubrique: A propos d’images
Mots-clés: médias , société , vidéo
Commentaires: 0
Culturepub, le retour

Culturepub devient www.culturepub.fr. Sensation bizarre... c’est de la télé ou c’est du web ? Je me demandais cela en regardant le 1er magazine hebdomadaire, présenté par Christian Blachas (15 minutes, dorénavant tous les lundis). On se croirait revenu quelques années en arrière, quand le dimanche en fin de soirée, on avait droit aux pépites de la pub. Bon, Blachas à pris quelques rides (et moi aussi !) mais il a toujours sa dégaine de cow-boy cravaté, son bagou à haut débit et une passion intacte. Les sujets, drôles et un rien provocants, défilent comme (d’habitude) dans une émission télé. Pour moi, c’est de la télévision qui passe par mon ordinateur. Il faudra que je m’y fasse : tout est dans tout et réciproquement ;-) Les télés arborent un look inspiré par les boutons et les menus vus sur le web (mais pas interactifs du tout !). Et les sites web passent des émissions de télé.
Pourtant, dans le communiqué de Christian Blachas, repris en choeur par tout ce qu’internet compte de « copypasteurs de communiqués », on peut lire : « Cela n’a rien à voir avec l’émission de télé parce que nous pensons que, sur le net, il ne faut pas faire la même chose qu’à la télévision ». Bon, mais alors pourquoi faut-il cliquer sur un bouton « voir l’émission »... pour voir l’émission ?
Faisons la part des choses. Avec la mise à disposition de milliers de clips de pub, classés selon divers critères et accessibles gratuitement, le nouveau culturepub est bel et bien un outil moderne, que seul internet peut concrétiser. On ne va pas bouder son plaisir, c’était juste une petite remarque en passant ;-)

Béat Brüsch, le 27 novembre 2007 à 16.15 h
Rubrique: Regarder en ligne
Mots-clés: publicité , vidéo
Commentaires: 0
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